Le Moment, Mars 1936 (Année 4, no. 311-336)

1936-03-01 / no. 311

f» BUCAREST. 4"» ANNEE — N* 31! DIRECTION, REDACTION ADMINISTRATION, publicité 15, Rue Brezoianu Téléphone I - Direction 4.25.34 Redaction, Administration i 3.10.40 IMPRIMER IE 2, rue Aristide Demetriade — Tel., 4.54. Adr. télégr. Moment Bucarest Directeur î ALFRED HEFTER Taie parfait panée <ftrteftmtnfi ttnfarmëmtnl A fhpprfii laiton Na. 247.60211930 dat-Pk/ÿ 8 PAGES 3 LEI Le Moment Journal de Bucarest Quotidien Illustré d'informations Politiques, Economiques et Sociales réaction ou révolution: L’HEURE H Combien n’a-t-on pas donné de défini­tions du Français ! Tous les savants con­naisseurs du monde s’y sont essayés, il n’est pas un touriste, venu du fond de la Perse ou de plus loin encore (c’est bien aux Persans à rendre la pareille à M. de Montesquieu), qui n’ait sur nous sa petite idée ; et nous avons nos propres sociologues qui ne man­queraient pas la si belle occasion d’équiper une théorie bien parée. Pour moi, qui me garderai de porter mon petit margotin au feu des moqueurs, mais qui, pendant pas mal d’années, suis allé interro­ger beaucoup de peuples chez eux, je sais que les gens qui nous aiment encore nous regardent comme des novateurs, des idéalistes de la liber­té, des porteurs de lumière, que d’autres voient en nous d’âpres é­­goïstes et de mesquins réalisateurs, enfin que selon l’opinion, les ten­dances ou les goûts de ceux qui nous jugent, on nous reproche tan­tôt notre turbulence et notre indis­cipline, tantôt notre esprit de con­servation. Bref, pour les uns, cham­­bardeurs, pour les autres, réaction­naires. Peut-être ne sommes-nous complètement ni ceci ni, cela. En ces hautes méditations, je fus induit hier par la lecture d’une nouvelle toute sèche. Elle annon­çait que la Ligue du Bien Public é­­tait en grand émoi. Une ligue qui a l’ambition et se sent assez forte pour supporter le poids du Bien pu­blic n’entre en émoi, vous vous en doutez, que pour des objets de con­séquence. Et c’est le cas, en effet, car la Ligue du Bien public a ob­servé qu’aux termes des engage­ments internationaux, c’est seule­ment le soir du 18 avril prochain que nous aurons à avancer nos montres pour y inscrire l’Heure H, je veux dire l’heure Honnorat, tan­dis que le calendrier grégorien a fixé la fête de Pâques au 12 avril. Et ainsi n’a-t-il pas échappé à MM. les Ligueurs qu’il y aurait, à Pâ­ques, de belles heures de lumière qui seraient perdues pour le tou­risme, mais qu’il dépend de M. Flandin de les lui faire regagner incontinent, s’il veut bien, toutes affaires cessantes, engager les né­gociations nécessaires avec les chancelleries du continent. Comment n’être pas ému de l’é­moi si naturel de la Ligue du Bien Public, soucieuse de ne priver au­cun touriste pascal de la joie que lui réserve la contemplation des si­tes et des chefs d’oeuvre de l’art français, à condition qu’il les puis­se voir? Mais comment aussi ne pas se souvenir qne ce fut toute une affai­re d’Etat que cette réforme de l’heure et qu’il s’en fallut de rien que l’on ne vit se dresser les four­ches? La guerre finie et la Phynance française se trouvant fort mal en point, M. André Honnorat alors député, et depuis sénateur, prit un crayon et calcula que ce serait gag­ner environ un milliard tous les ans que de fournir à la nation un supplément quotidien d’une heure de lumière solaire, en lui épargnant la dépense d’une heure de lumière articicielle. Pour cela, rien de plus simple: tourner l’aiguille de notre montre. Et qu’est-ce que cela peut vous faire, à vous et à moi, que l’horloge du soleil et la nôtre soient exactement à l’unisson, si nous som­mes tous deux d’accord sur l’heure de nos rendez-vous? Et qu’est-ce que cela peut faire aussi aux pay­sans qui n’ont pas besoin, pour al­ler aux champs, que la sonnerie de leur réveil les tire hors du lit, n’a­yant jamais connu d’autre signal que la première lueur de l’aube? M. André Honnorat, singulier homme, est de ces rares politiques pour qui compte seul l’intérêt pu­blic, à l’exclusion de leur personne, et de ces furieux idéalistes qui ont toujours, au service de leurs i­­déaux, un mode de réalisation. Il pensait donc que la chose était tou­te simple. Mais ce fut une véritable révolution. Au Parlement, pour ve­nir à bout de féroces diatribes, il fallut mobiliser toutes les réserves ministérielles, puis, en fin de compte, la Science elle-même, en la personne de M. Painlevé, à qui l’on demanda une démonstration de mathématicien. Au dehors, ce fu­rent des conférences, des meetings, toute une campagne de presse. Aux champs, on put se demander si les paysans n’allaient point en­trer en jacquerie. Après ce beau hourvari, la loi passa. Les paysans s’inclinèrent, mais ne croyez pas qu’ils soient en­core résignés. Quand un Breton vous annonce l’heure, vous pouvez être certain que ce n’est pas la vô­tre, mais celle des astres. Que de chemin parcouru en une demi-génération, puisque, après s’être mis en transe quand il s’agis­sait d’avancer et de retarder la montre deux fois l’an voilà que l’on arrive à demander la permission de tourner l’aiguille un peu plus tôt. Eh bien! sommes-nous des révo­lutionnaires? Sommes nous des réactionnaires ? Les deux sans doute: un vieux peuple de routi­niers qui, de temps en temps (pas très souvent), se fâche. Georges Bourdon Dinu Mihail Une vérité éternelle, qui eut sem­blé banale, n’était la forme parfai­te qui lui valut de passer de siècle en siècle dans la mémoire des hom­mes, s’exprime dans le vers si con­nu de Malherbe : „Et la garde qui veille aux barrières [du Louvre N’en défend pas nos rois“. Les rois de la finance aussi écra­sés que les souverains par la multi­plicité de leur devoir et de leur res­ponsabilité, doivent sentir, il me semble, une détente et un soulage­ment lorque la mort porteuse de paix vient les décharger au pesant souci d’avoir trop d’argent. Dinu Mihail, l’archi-miUionnaire si con­nu, malgré la vie retirée qu’il me­nait, vient de fermer dans sa mai­son de Bue., ses yeux fatigués d’a­voir vu la misère humaine, et qui sait? peut-être de l’avoir vu de très loin. Sans famille, vivant seul dans son somptueux hôtel de Craiova, nous aimons à nous le figurer é­­chaiaudant dans son esprit fertile les magnifiques donations, les legs fastueux, dont il songerait aux grands siècles même à Versailles. Quelques intimes sont au courant pourtant de l’intention qu’il avait de léguer sa maison de Craiova à un internat de jeunes filles, et sa maison de campagne tout aussi vaste à une école d’agriculture. Quel que soit la vérité sur ce point, n’oublions pas qu’après des donateurs comme Elias et Dalles, rien r\e doit nous étonner de la part d’un millionnaire, que sa naissance ou sa vie attache à la terre rou­maine, terre qui a donné déjà une si riche moisson d e magnifiques donateurs. Pensons avec respect à ceux qui ont su se priver pour a­­doucir plus tard le sort de leur suc­­césseur et déposons comme une cou­ronne sur la tombe fraîchement creusée l’hommage de notre recon­naissance au nom des jeunes êtres dont la vie sera modelée et façon­née par un seul trait de plume de celui qui fut Dinu Mihail. M. M. V. En page 3s M. Iorga et la succession du gouvernement En page 4: La séance de la délégation économique La vente des redevances de pétrole La situation est grave M. Grégoire Filipesco, dont le ta­lent a le style de son riche tempé­rament, s’exprime avec une sincé­rité qu’on apprécie surtout lors­qu’on n’est pas de son avis, et qu’on respecte d’autant plus que sa forme offre une valeur esthéti­que à la construction de sa pensée. Dans sa conférence d’hier soir, il a développé historiquement la formation logique de ses convic­tions dans la politique internatio­nale. Pour des raisons nationales, et humaines, il s’est déclaré adver­saire constant de la politique du Duce. Pionnier indéfectible de l’allian­ce Franco-Roumaine, il a soumis la politique équivoque de M. Laval à une critique très sévère. Prota­goniste du système de secours mu­tuel et collectif, il a montré les causes profondes et permanentes qui concourent à maintenir la paix par la voie de la collaboration étroi­te de la France et de la Petite-En­tente, avec l’Angleterre, dans le cadre du Covenant, à Genève. Nos lecteurs trouveront ailleurs le résumé de son exposé. Id même, nous voulons faire l’a­nalyse de la situation de l’Europe en rapport avec l’Italie et spécia­lement de la Roumanie, après le discours de M. Eden, après la dé­cision d’appliquer l’embargo sur le pétrole, après l’avertissement de l’Italie concernant sa décision d’a­bandonner la S. D. N. en cas de sanctions supplémentaires, après la signature de l’accord Franco-Russe, et après l’instauration de la dicta­ture militaire au Japon. Est-il prudent, dans ces nouvel­les conditions, d’abandonner l’Ita­lie, qui, aujourd’hui encore, est membre de la S. D. N., signataire du Pacte de Stresa qu’elle n’a pas dénoncé? Ce sont les réflexions qui nous ont été provoquées par la confé­rence d’hier de M. Filipesco. • * • Le dernier numéro de la revue „Spectator” est plein de tristes présages. „Les communes ont fait leur ren­trée dans une atmosphère de pro­fond malaise. Le trouble général est dû, en grande partie, au senti­ment que la situation internationale s’envenime. Les députés les plus pondérés disent qu’avant la fin du présent Parlement, il y aura la guerre en Europe”. Pourtant, le peuple britannique est foncièrement pacifique. Le Gou­vernement l’est aussi, malgré la grande campagne d’armements commencée, sur terre, sur mer et dans l’air. Le récent discours de M. Eden, malgré sa prudence, fait ressortir deux points, qui nous intéressent au plus haut degré. „La Grande-Bretagne persévére­ra dans la politique des sanctions. L’esprit du Covenant sera suivi à la lettre. Il ne peut y avoir ni fai­blesse ni vacillement, tant que la paix ne sera pas signée”. L’embargo sur le pétrole sera décidé. L’efficacité en sera nulle. L’Amé­rique continuera à livrer le pétrole, et dans ce sens, les récentes décla­rations du sénateur Borah sont ré­vélatrices. Ceux qui espèrent que l’Améri­que profitera de l’occasion pour augmenter le prix du pétrole, lors­qu’elle en sera le seul fournisseur, se trompent. Et même si l’Améri­que abusait de sa situation excep­tionnelle, que représenterait cela pour l’économie Italienne? Les be­soins annuels de l’Italie est de l’or­dre de Deux cents cinquante mil­lions de lires. La différence de prix ne pourrait compter. Donc, au point de vue pratique, l’embargo est inopérant. Reste la question de principe, la démonstration de la solidarité Ge­nevoise. Qui a le plus à perdre dans cette démonstration? Les Anglais ont livré durant les années 1934 et 1935, 8% du total de l’importation du pétrole. La Russie environ 12%. La Pologne environ 3% .Le Vénézuela environ 5%. Seule, la Roumanie a livré au cours de ces deux dernières an­nées, 50%. Voilà le grand intéressé. Le seul qui compte. A la Conférence des pays pro­ducteurs, où on devait décider de l’application des sanctions, la Fran­ce n’a pas participé, n’étant pas en cause. L’Angleterre a été très peu intéressée, son exportation en Italie étant minime. La voix de la Roumanie était et est encore prépondérante. Sa perte se chiffre aux environs de quatre milliards par an, et son risque est de perdre un très important dé­bouché. En plus, il y a la responsabilité morale, politique. L’attitude de la Roumanie parmi les pays producteurs étant détermi­nante, la Roumanie n’auraît-elle pas eu comme devoir d’empêcher le dé­clanchement des sanctions qui ne sont qu’une démonstration de prin­cipe, sans aucune éfficacité? On répondra, au nom de la thèse de la sécurité collective, que tous les sacrifices sont explicables, pour sauver le système et la mécanique de l’appareil répressif, destiné à imposer le blocus de l’agresseur. Est-on sûr que le mécanisme des sanctions et que le système de la sécurité collective joueront automa­tiquement demain, dans un autre cas? Lisons attentivement le discours de M. Eden. „Le gouvernement britannique prendra sa part pleine et entière à la sécurité collective. II ne parti­cipera nullement à un encercle­ment. La distinction est claire. No­tre but ultime doit être un système mondial de sécurité collective em­brassant toutes les nations et dont l’autorité n’est défiée par personne et demeure indéfiable. Nous som­mes loin de là, à présent. Nous ne pouvons espérer le réaliser qu’en renforçant en même temps par des aecords basés sur une largo entente mutuelle la coopération des autres nations à notre tâche. Dans un vé­ritable système de sécurité mu­tuelle, la porte doit toujours res­ter ouverte à l’entrée d’autres na­tions”. Il faut traduire ce langage di­plomatique en termes clairs pour tout le monde. L’Angleterre, en attendant le fonctionnement d’un système mon­„LE MOMENT" publiera prochainement en feuilleton la vie romancée des C BÉJjüS M O DD> ]E IR ]E g? dial de sécurité collective, dont toutes les nations, sans exception fassent partie, ne se sentira obli­gée, par aucun pacte, d’apporter son concours militaire contre l’a­gresseur le jour où un conflit écla­tera quelque part en Europe. La justification de son abstention a donc déjà été énoncée: La man­que d’universalité dans le système du secours mutuel. Et alors? L’application des sanc­tions relatives au pétrole amènera sans doute et sans retard le départ de l’Italie de la S. D. N. L’équilibre européen sera cepen­dant rompu. Qui en profitera? Evidemment, l’Allemagne. Elle accumule les escadrilles de bom­bardement. Au mépris des traités, elle construit des bases navales. Elle a lancé plusieurs sous-marins. Elle fortifie des îles à l’ouest de Kiel, et dans la mer du Nord, face à l’Angleterre. Les dernières manoeuvres aérien­nes anglaises, ont prouvé que Lon­dres était difficilement défendable contre une agression aérienne, ve­nue de la côte allemande. Le peuple britannique se refu­sera énergiquement à intervenir dans un conflit européen, si l’An­gleterre n’est pas directement at­taquée. L’Allemagne, connaissant la si­tuation, fera tout pour ménager le royaume insulaire. Avec l’Italie inopérante ,l’Angleterre inactive, l’Allemagne fera de son mieux pour faire éclater un conflit en Europe centrale. A quoi nous aura servi l’appli­cation des sanctions pétrolières qui ne sont même pas des sanctions? A briser l’équilibre européen. A chasser l’Italie de la S. D. N. Qui mettra-t-on à sa place? Quel grand pays? Ne ferait-on pas mieux de gar­der l’Italie a côté de nous, tout près, et d’abandonner la politique des démonstrations sans aucun sens pratique, qui engendrent seu­lement des complications capables de provoquer par de simples niai­series de grandes catastrophes. Dans l’histoire du monde, la Roumanie pourrait jouer ces jours prochains un rôle unique, comme jamais nation ne l’aurait fait avec plus de raisons morales et écono­miques avec plus d’élégance, et a­­vec plus de beauté. La Roumanie doit refuser l’ap­plication de l’embargo sur le pé­trole. Alfred Hefter — Vous n'en auriez pas uß plus gros, c'est pour quatre personnes !.„ Le „Complexe d’Oedipe“ Le So-ème anniver­saire du professeur Sigmund Freud Paris, février.— On s’apprête S fêter les 80 ans du professeur Sig­mund Freud, ce médecin philo­sophe viennois dont l’oeuvre, ap­préciée de différentes façons jouit maintenant d’une réputation uni­verselle. Les Lettres Françaises seraient bien ingrates de ne point s’asso­cier à cet hommage. Le freudisme leur a fourni grâcieusement maint sujet, mainte inspiration, maintes pages pour le moins, auxquels plus d’un pauvre roman doit à peu près tous ses lecteurs. Si Freud recon­naît, dans Ma Vie, que son succès, en France, est dû aux hommes de lettres, ceux-ci doivent convenir qu’il le leur a bien rendu. Certes, des romanciers, des poètes, des dramaturges avaient fait du freu­disme avant Freud; mais ils ne le savaient pas, personne ne le savait, et ils perdaient ainsi le bénéfice d’une épithète profitable. Mais qu’est-ce donc, au juste, ce freudisme qui a pris si vite en lit­térature — je laisse de côté la mé­decine — l’intérêt, l’influence d’une mode, presque d’une religion? Il se ramène en principe — mais, dans le fond, c’est beaucoup plus compliqué — à une certaine con­ception de la libido, qui n’est autre, selon Freud, que l’appétit sexuel, suffisamment connu de chacun même s’il ne parle point le latin des philosophes. Que cet appétit soit réfréné par le préjugé, la pu­deur, la honte, la crainte, le dé­goût ,et c’est le refoulement qui, dans le secret du pauvre individu, installé et nourrit ce que Freud nomme à sa façon des complexes. Le plus mauvais de ces com­plexes, dont le moindre peut nous rendre fou, c’est le „complexe d’Oedipe”, du nom du malheureux roi de Thèbes qui, par une terrible fatalité, tua son père et épousa sa mère. Or, d’après Freud, ce n’est point' la Fatalité qui mena Oedipe à ce double crime mais une nécessité interne et la poussée de son „com­plexe”. Si tout homme bien né a toujours, dans notre climat, hor­reur d’un tel meurtre, d’un tel in­ceste, Freud, cependant, ne lui lais­se plus ignorer qu’il a, tout petit et comme chacun de nous détesté son père, aimé sa mère d’un amour sensuel et incesteux. La raison, venue, et la puberté, s’il lui arri­vait le malheur d’Oedipe, il s’ar­racherait, comme lui, les yeux de honte et de désespoir. Et, pourtant, il serait aussi innocent, selon Freud, que le petit garçon au sein, la fillette dans les bras du père. Mais le Français en général éprouve, il faut le dire, une vive répugnance à accepter cette théo­rie. Dans Ma vie et la Psychanalyse, le plus clair et le plus bref de ses ouvrages, Freud se plaint, en ef­fet, des résistances qu’il a rencon­trées chez nous, notamment chez le Professeur Pierre Janet et son école. La traductrice, la princesse Marie Bonaparte, attribue cette répugnance à notre logique, à no­tre délicatesse, à notre bon goût — ce qui nous fait infiniment hon­neur. Elle y ajoute lité de gens d’esprit certaine qua­chez qui le sexuel se confond aisément avec le grivois et qui veulent qu’un tel su­jet ne sorte point du cabaret ou du music-hall. Il est vrai que Freud ne fut, ä un certain moment, guère mieux traité dans son propre pays. Dé­noncé comme juif — déjà ! — isolé, bafoué, privé de moyens et de dis­ciples, il eût certainement renoncé, sans la patience et l’obstination de sa race. Il en a gardé un vif res­sentiment „et lorsque, pendant la guerre, déclare-t-il, un choeur d’en­nemis reprocha aux Allemands leur barbarie, il me fut douloureux de ne pouvoir crier le contraire”. Mais il persévéra, et il persiste. Plus vont les choses et plus il est persuadé que le „complexe d’Oe­dipe” est le noeud, et, comme il le dit, le „noyau central” de toutes les névroses. „Malheur à l’homme, s’écrit-t-il, qui n’a pu s’en défaire!” Il lui vaudrait mieux, comme au fils de Laïus de n’être pas né. H sera pour le moins un névropathe, peut-être un criminel si la médecine ne vient à son secours. Mais il s’agit, bien entendu, de cette médecine spéciale que Freud Noël Sabord (Suite en page Sj,.

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