ACTA HISTORICA - A MTA TÖRTÉNETTUDOMÁNYI FOLYÓIRATA TOM. 7 (1960)

7. kötet / 1-2. sz. - ÉTUDES - M. LACKÓ: La naissance de la démocratie populaire hongroise 1944-1946

2 M. Lackó ne traduisait pas la force politique effective du Parti Communiste. Les années de guerre, et surtout les mois de l'occupation allemande avaient augmenté en premier lieu l'autorité et l'influence des communistes; leur prestige et leurs forces se trouvaient redoublés encore à chaque victoire de l'Armée Soviétique. Une bonne partie des ouvriers de gauche affiliés au Parti Social-démocrate ou aux syndicats, les mineurs, les éléments conscients du prolétariat agraire de la région transtibiscine, et de nombreux intellectuels qui avaient pris part aux mouvements antifascistes étaient, en réalité, communistes de coeur, même si avant 1945 ils n'avaient eu que peu ou point de rapports avec l'organisation du Parti Communiste. Tous ces éléments ne représentaient qu'une faible mino­rité du peuple travailleur, mais ces quelques milliers d'hommes étaient les plus aguerris et ceux dont la largeur de vues était la plus grande. C'est sur leur ini­tiative que se formèrent, en maints endroits dès le lendemain de la Libération, les organes locaux du Parti Communiste; ce furent eux qui établirent les pre­miers contacts avec les commandants locaux des troupes libératrices. Us furent l'âme même du mouvement populaire en plein développement, les promoteurs et les premiers fonctionnaires de l'administration publique; ils furent les mobi­lisateurs de la reprise du travail producteur, qui se penchèrent sur les soucis, des gens nécessiteux et sans ressources, et qui contribuèrent à rétablir la sécu­rité publique. La situation exceptionnelle imposait des tâches, des méthodes de travail et des formes d'organisation exceptionnelles. Dans les localités libérées, des organismes populaires autonomes, faisant appel à la participation des commu­nistes et d'autres antifascistes de gauche, prenaient en mains la direction des affaires. Ces organismes étaient appelés tantôt «conseil municipal» (à Orosháza), tantôt «comité des Cinq» (à Makó) ou «bloc interpartis», ou encore, en plusieurs endroits, à l'exemple de 1919: «directoire». Leur création et leur fonctionne­ment bénéficièrent de l'appui sans cesse grandissant de la population travail­leuse. Certes, la pensée politique des larges masses laborieuses était empreinte de nombreuses survivances du régime fasciste et contre-révolutionnaire; elles n'étaient pas passées par l'école de la lutte antifasciste active, mais elles avaient assisté à l'effondrement de la puissance fasciste allemande, à la défaite de la Hongrie des capitalistes et des grands propriétaires et à l'écroulement des piliers de ce régime — tout cela après une lutte à mort d'où le pays socialiste et prolétarien, calomnié depuis des dizaines d'années, venait de sortir victorieux. Ces masses ne voulaient pas périr avec le régime fasciste, elles ne voulaient pas s'ensevelir sous les ruines d'un bâtiment destiné à être leur prison. Les masses passives et politiquement plus ou moins ignorantes s'attendaient elles-mêmes à un revirement de leur destin du fait de l'apparition de l'Armée Rouge — et ce, même si elles ne se rendaient pas compte de toute la signification de ce revirement, et ne voyaient pas encore s'ébaucher les contours de la vie nouvelle-

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