ACTA HISTORICA - A MTA TÖRTÉNETTUDOMÁNYI FOLYÓIRATA TOM. 24 (1978)

24. kötet / 1-2. sz. - ETUDES - G. BARTA: An d'illusions (Notes sur la double élection de rois apres la défaite de Mohács)

An d'illusions (Notes sur la double élection de rois après la défaite de Mohács) Par G. Barta Pendant pas tout à fait deux générations, la Hongrie médiévale a par­couru un trajet qui l'a conduite du plus brillant sommet de son histoire à la plus grande catastrophe qu'elle ait jamais connue. L'Etat du roi Mathias était puissant, redouté ou respecté tant à l'extérieur qu'à l'intérieur — tandis que la deuxième génération du XVIe siècle devait se plaindre de la complète désagré­gation du pays, de douzaines de comitate saccagés, de l'occupation turque, et d'être réduite à solliciter de l'aide aux Allemands. Il est compréhensible que ce terrible contraste devait le plus profondément bouleverser ceux qui ont vécu ce demi-siècle ou qui cherchaient à évoquer, dans ces troubles mortels du milieu du XVIe siècle, les souvenirs de leur enfance, du temps de leurs parents. C'est la recherche des fautes commises, l'effort crispé de trouver les responsables, qui ont dicté les premières appréciations. De plus, les misères de l'occupation turque ne cessèrent pas et l'explication du déclin, de la tragédie, était devenue pour ainsi dire un besoin collectif. Vers la fin du XVIe siècle l'historiographie connut en Hongrie un épanouissement sans précédent. Ainsi, les jugements historiques datant de cette époque, d'Antal Veran­csics, par György Szerémi à Miklós Istvánffy, sont-ils toujours passionnels. La société féodale de Hongrie ne s'est, en effet, jamais relevée de la catastrophe de l'occupation turque, c'est la raison qui explique que dans l'opinion publique la défaite de Mohács fût devenue la plus grande tragédie nationale. Malheureuse­ment, cette vue, qui s'exprime dans le dicton « à Mohács la perte était plus grande », a ligoté les historiens dans leurs jugements, car les passions jamais apaisées ont empêché un examen objectif des événements. Cherchant sans cesse les responsables, nous répétions des lieux communs vieux de quatre siècles. Toutefois, pendant ce temps l'histoire est devenue une discipline mé­thodique, et les recherches faites chez nous et à l'étranger ont fourni en quantité des données et des points de vue qui, souvent, contredisaient catégoriquement nos jugements stéréotypiques dictés par une approche prédéterminée. Le résumé de Ferenc Szakály des antécédents de Mohács, paru récemment,1 1 F. Szakály: A mohácsi csata. (Sorsdöntő történelmi napok 2.) [La bataille de Mohács. (Journées historiques fatales 2.)] Budapest 1975. 1 Acta Historica Academiae Scientiarum Hungaricae 24, 1978

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