Berzeviczy Albert: Le surnaturel dans le théâtre de Shakespeare (Budapest, 1911)

м . . . We íools of nature So horridly to shake our disposition With thoughts beyond the reaches of our souls. Hamlet, acte I, scène 4. I. Légitimité du surnaturel dans le drame; idée qu’on s’en faisait au temps de Shakespeare ; usage qu’il a fait de cet élément; groupe­­*ment des sujets. Le rôle du surnaturel dans le drame est aussi ancien que le genre dramatique lui-même ; il le suit dans tout son déve­loppement dès ses origines jusqu’à nos jours. Bien que la Poétique d’Aristote considère le merveilleux comme contraire à la tragédie et lui assigne un rôle dans un genre à part dont la scène est aux enfers, nous voyons cependant qu’Eschyle et Aristophane ne se faisaient aucun scrupule de mettre en scène des dieux, des demi-dieux et même des morts, et qu’Euripide aimait à amener le dénouement du drame au moyen d’apparitions de l’au-delà ; la colère des dieux, la fatalité et la Némésis, les oracles et les imprécations étaient, pour ainsi dire, les éléments indispensables du drame grec. Les Romains suivirent dans ce domaine les traces des Grecs et faisaient sur leur scène un usage journalier du «deus ex machina». Parmi les éléments surnaturels propres à ralentir ou à précipiter l’action, Sénèque donnait volontiers, entre autres, un rôle aux âmes des trépassés. Dans le drame du moyen-âge, l’effet artistique à produire passa à l’arrière-plan pour laisser le premier au point de vue 1*

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