Studia Slavica 32. (1986)

1-4. szám - Tartalomjegyzék

Miscellanea pays; les différences entre l’œuvre de Mickiewicz et « Kelet könyvei » vien­nent surtout de ce que ceux-ci ont été écrits à une phase ultérieure de l’évolu­tion historique. Dans chacun des chapitres ou presque de » Kelet könyvei « on rencontre des » pèlerins « (!) qui » ne veulent pas se reposer avant que l’avenir de la patrie ne soit assuré «. Bozzai prêche aussi les sacrifices pour la patrie, et il fait dialoguer ses pèlerins avec les habitants des pays étrangers. Tandis que chez Mickiewicz le jugement des nations est prononcé dans la capitale du monde, chez Bozzai c’est la patrie qui demande des comptes aux hommes. Le poète hongrois parle aussi de la responsabilité des officiers publics. Dans les » Livres des Pèlerins Polonais « (chapitre XII), Mickiewicz évoque les événements et les héros du soulèvement de novembre, tandis que les » pè­lerins « de Bozzai sont des personnages historiques, chefs des guerres d’indé­pendance, qui viennent se recueillir sur la tombe des Hongrois morts pour la liberté de leur pays. La » maladie étrangère «, le » poison « semblent aussi des souvenirs de lectures de Mickiewicz.34 Malgré toutes ces ressemblances, fortuites ou non, » Kelet könyvei « de Pál Bozzai reste une œuvre originale, née dans l’atmosphère de la révolution hongroise de 1848. La forme extérieure, le ton prophétique renvoient à la Bible, tandis que la fonction centrale qu’y occupent les » pèlerins « témoigne de l’influence de Mickiewicz. 3. L’influence des »Livres des Pèlerins Polonais« sur les rapports des Hongrois avec leurs voisins Cette influence peut être décelée d’une part à partir des conditions historiques données; d’autre part nous avons à notre disposition des prouves concrètes basées sur des textes. La traduction hongroise parut à un moment où les tensions s’aggravaient singulièrement entre la cour de Vienne et l’opinion publique hongrois (clôture de la Diète, arrestation d’hommes politiques et des chefs des associations de jeunes; en outre, comme il s’agissait d’un pays dont l’une des provinces (la Galicie) avait été rattachée à l’Autriche, soutenir la cause de ce peuple était un acte dirigé contre les Habsbourg. Ni l’action des comitats hongrois (1831), ni le débat de fin novembre 1833 de la Diète n’aboutirent à des dispositions positives de la part de la classe dirigeante. Les premières parties de l’œuvre de Mickiewicz furent publiées dans une atmosphère politique très tendue, où la voix de l’opposition devenait de plus en plus forte. Cependant, bien que l’œuvre entière du poète polonais eût été traduite, elle ne put paraître sous sa forme intégrale en raison de la censure. Dans ces conditions, la publication de la traduction des » Livres « était non seulement hostile aux Habsbourg mais aussi au tsar, d’autant plus que l’opinion hongroise voyait dans la per­sonne du Tsar le principal ennemi de la Pologne et avait encore confiance, au moins au début des années trente, dans le bon roi de Hongrie . . . La publication de la traduction tchèque des Ksiçgi narodu polskiego à la fin de 1863 fut en fait une prise! de position importante dans la question polonaise. Selon Krystyna Kardyni-Pelikánová, les » Livres « devinrent une arme puis­sante entre les mains du jeune nationalisme bourgeois tchèque dans sa lutte contre la bourgeoisie allemande agressive et contre les conservateurs tchèques 34 Idem, pp. 81 — 123. Studia Slavica Hung. 32/1 — 4. 1986

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