Ferenczy Noémi (Musée Roi Saint Étienne, Székesfehérvár, 1965)

L’univers de Noémi Ferenczy est un monde particulier. On dirait qu’une divinité enjouée et serieuse l’a créé dans un moment de parfaite harmonie. C’est un micro­cosme tranquille qui se met lentement en marche. D’un pas lourd s’approchent de gentils animaux: un éléphant d’un charme gauche, des agneaux comme des touffes d’ouate, de curieux oiseaux sortis des con­tes de fées. Des petites plantes comme des verges tendes vers le haut prés des paisseaux de vigne. Au-dessus d’une ville de rêve mais pourtant réelle s’étend un paysage accidenté. Des figures d’hommes aux yeux fendus en amande, calmes et bienveillants travaillent avec zèle. Des hommes et des femmes asexués: un maçon est accroup entre des maisonnettes, des femmes aux mouvements cérémonieux ratissent l’herbe sur le versant d’une colline, et même les hommes en overall défilent avec une telle douceur qu’on dirait qu’ils veulent engager un jeu collectif silencieux. C’est un monde sans désirs qui est rempli d’une douce nostalgie, mais si vaguement qu’elle est presque insaisissable. L’art de Noémi Ferenczy tire son origine du panthéis­me de Nagybánya, de cette communion avec la nature, de cette absorption dans la nature, qui émane aussi des tableaux de son père. Les personnages gentiment grotesques ou doucement réservéès de ses premieres grandes oeuvres disparaissent pour dire entre les feuilles énormes, les arbres luxuriants et les animaux gais et placides. Plus tard, cependant, dans sa période incomparablement homogène et achevée, ce sont déjà eux qui dominent: avec l’attention qu’ils consacrent à un bri nd’herbe, à un pain en train de cuire, à une maisonnette en construction ce sont eux qui nous apprennent la beauté de la vie active et laborieuse. Il est émouvant de voir la fatigue de ses dernière années, la dislocation de l’équilibre splendide de son oeuvre. Toutefois ce n’est pas à ces gestes hésitants que s’adresse notre regard d’adieu, mais à cet univers tendre, serein et poétique, à cet être renfermé, fier et pur que nous appelons Noémi Ferenczy. MARTA K. KOVALOVSZKY

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