L'art du Textile Hongrois Moderne (Musée des Beaux-Arts André Malraux, Le Havre, 1983)

PRÉFACE ARTS DÉCORATIFS POPULAIRES EN HONGRIE Parallèlement à l’évolution générale, économique, sociale et artistique, Tart populaire connaît dans notre siècle, aussi bien en Hongrie que dans toute l’Europe, un développement particulier. D’un côté, les représentants de l’art moderne se tournent avec un intérêt tout spécial vers l'art populaire, ils utilisent ses réalisations dans le grand art, installent dans leurs apparte­ments les plus beaux objets, appliquent sur les vêtements des motifs orne­mentaux. D’un autre côté, et c'est un aboutissement naturel de l’évolution, dans les régions riches en art populaire, les travaux artisanaux s’effacent à un rythme rapide devant les produits industriels, le traditionnel cède la place aux nouveautés. Les chefs-d’œuvre de l’art populaire hongrois restent des exemples éternels pour le grand art, des «sources pures» — comme Béla Bartok n’avait cesse de le dire - et les produits des arts décoratifs populaires, qui s’en inspi­rent, sont propres à représenter dignement le caractère et la créativité de notre peuple au sein de vaste communauté des peuples. De nos jours, on parle souvent en Hongrie du passé ou du présent des arts populaires, du rôle qu’ils assument dans notre vie, et encore davantage de l'importance qu’ils auront dans l'existence de l’homme des époques futu­res. L’art populaire hongrois — nous entendons par-là l’art des paysans — tout comme celui de la plupart des pays de l’Europe de l'Est, a duré pres­­qu’un siècle de plus que l’art paysan des pays occidentaux. Les artistes paysans, amateurs et professionnels, confectionnaient et décoraient leurs objets selon le goût de telle ou telle région close, voire de leur village. Dans la dernière décennie du XIXe siècle, la paysannerie hongroise mani­festait un intérêt grandissant pour les villes où elle commençait à se pro­curer une partie de ses objets usuels. Au moment où elle abandonne ses objets traditionnels, ses vêtements et ses coutumes, la population urbaine à son tour commence à s’intéresser vivement à l’art populaire. Ainsi, peu à peu, les produits de l’art populaire ne se font plus pour une petite communauté et sous le contrôle strict de celle-ci, mais sont destinés à des masses bien plus larges. Entre les deux guerres mondiales, on voit se réduire considérablement les régions où les traditions sont sauvegardées. La politique culturelle d’après la libération a désigné l’art populaire comme la source fondamentale du renouveau de notre culture nationale, dont il constituait depuis longtemps une part importante. Cette période était l’âge d’or de la renaissance de l’art populaire. On allait sur le terrain pour trouver les artistes paysans les plus doués, pour enregistrer ce qui avait de la valeur dans leur art et pour recueillir leurs produits. Au cours des trente ans écoulés on a fait davantage que pendant des siècles pour développer les traditions nationales valables, pour dégager les valeurs culturelles qu’­avait produites notre peuple. Dans un esprit strictement méthodique, et en appliquant des étalons esthétiques rigoureux, nous avons cherché les valeurs authentiques qui méritaient d’être sauvegardées. Mezőkövesd — La cuisine de la maison régionale «Kis Jankó Bori»

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