Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 4. kötet, 1765 (Suite du recueil de planches, sur des sciences, des arts libéraux et les arts de méchaniques, avec leur explication)

Fayancerie

FAÏANCERIE. C ontenant douze Planches. S Ous le nom de fayanurie, l’on entend l’art de fabri­quer des ouvrages faits en terre cuite $ couverte d’é­mail , tels que des plats , adiettes, pots, écuelles , fala­­diers, jattes, fontaines, &c. 8c toutes fortes de pote­ries fines: ce mot vient de l’italien faenqa, en latin fa­ventia, 8c en franqois fayance, nom propre d’une ville d’Italie, d’où elle tire fon nom, fituée entre Forli 8c Incola, fur la riviere d’Ancone, en Romagne, où fut faite la première fayance. La première que l’on fit en France fut dans la ville de Nevers, par un Italien, qui après avoir conduit Sc accom­pagné un duc de Nivernois, appercut en fe promenant la même efpece de terre dont on faifoit la fayance en Italie; après l’avoir examinée & trouvée bonne, il en fit préparer 8c conftruire un four, dans lequel fut faite notre première fayance. On en fait un grand com­merce en France 8c aux environs ; celles de Nevers, de Rouen,de Saint-Cloud font très-belles; celles de Hol­lande font au-deflus, non-feulement pour la fineffe de la terre, mais encore par celle de la couverte; celles de Delftfont infiniment plus belles que ces dernieres,elles approchent beaucoup de celles de la Chine , qu’on nomme plus ordinairement porcelaines ; les plus belles que l’on voye en France font celles dont on vient d’éta­blir de nouvelles manufactures à Rouen, à Saint-Cloud près Paris, 8c à Poifly, dont la beauté approche beau­coup de celle de la porcelaine. On voit dans quelques cabinets de curiofités de très-beaux vafes de fayance cl’une grande rareté 8c d’un grand prix, peints par Ra­phaël, Jules-Romain, 8c autres peintres célébrés. La fayancerie fe divife en deux fortes ; la première eft la connoidance de la terre qui lui elt propre, 8c la maniéré de la préparer ; la fécondé eft l’art d’en fabri­quer toutes fortes d’ouvrages au tour 8c au moule, 8c la maniéré de les enfourner 8c de les cuire. De la terre propre à la fayancerie. La terre propre à la fayancerie eft une efpece de terre grade, compaète Sc pefante, qu’on trouve dans prefque tous les lieux de la terre , dont la couleur eft d’un gros verd ou bleu tirant fur le jaune , quelquefois rouge; fa qualité eft d’être très-fine , de s’amollir, 8C même de fe difloudre dans l’eau, de faire corps & s’en­durcir au four au point de faire feu, lorfqu’elle eft frap­pée par l’acier le plus dur; celle qui tient le milieu en­tre la glaife 8C l’argille eft la meilleure, étant compofée des deux efpeces, plus ou moins, à proportion qu’elle s’approche de l’une ou de l’autre. C’eft aufti pour cette raifon que le mélange peut être très-bon : au défaut de î’argille, il y faut mêler du fable fin dont la quantité doit varier, félon que la glaife eft plus ou moins grade, Sc l’argille en étant lui-même compofé, ce qui eft très­­cdentiel pour empêcher la fayance de fe fendre. Il y a une autre efpece de terre de couleur brune, beaucoup moins grade que la précédente, faite moitié de glaife 8c moitié d’argille ou d’un tiers de labié fin, dont les ouvrages qui en font faits réfiftent parfaite­ment au feu. Ces didérens mélanges demandent beaucoup de pré­caution; il faut confidérer attentivement la nature de la glaife, 8c y mêler le fable ou l’argille à proportion qu’elle eft plus ou moins grade, obfervant de ne pas rendre le mélange trop liquide pendant la didolution, le fable étant plus pefant fe dépoferoit plus promte­­ment, 8c fe féparant de la terre ne feroit plus corps avec elle. La terre choifie eft apportée des lieux d’où on la tire, on la met tremper avec de l’eau dans des badins A, voye{ la vignette de la première PI. ou en A.fig. 93. faits exprès en terre, adez ordinairement près d’un puits b , N. y. Fayancerie. même vignette, pour éviter le tranfport de l’eau ; ces badins peuvent être d’environ cinq à fix piés de profon­deur, d’une grandeur proportionnée à la quantité d’ou­vrages qu’on a à faire, 8c dont le fond eft fouvent pavé en brique, tuile, carreau, ou pierre; la terre humeétée dans ce badin pendant plufieurs jours, on l’y délaye avec des pelles 8c bêches,jfg. 78. 6*79. bâtons ,fig. 90. 8cau­tres chofes femblables, enluite un ouvrier en éleve l’eau avec le fecours d’un feau fiché au bout d’un bâton, fig. 85, verfant à mefure dans un tamis de crin ou de foie, fig. 82. & 83. dont la finede dépend de celle de la fayance, tenu 8c remué à mefure par un autre ouvrier. L’eau chargée de terre traverfe le tamis, laide après elle le plus grodler de la terre, 8c va fe répandre par des rigoles dans des badins très-grands 8c étendus d’environ trois à quatre piés de profondeur, foit creufés en terre ce, voye£ la même vignette, ou pofés dedus, 81 dd, &c. bordés d’ais ou planches B B, &c.fig. 93. retenus 8c arrêtés à des pieux C C, 8c fichés en terre, 8c dont le fond eft pavé en briques, tuiles, carreaux, ou pierres ; on la tranfporte encore par féaux, fig. 84. dans des bac­­quets,9%. 85. ou poinçons, TzA. 86. remplis d’eau. On fait le mélange des efpeces en quantité raifonnable, on l’y délaye enluite avec des rames ,fig. 81. puis on verfe le tout dans le tamis, 8c le plus fin fe répand dans les badins. Il eft beaucoup mieux de pader la terre féparé­­ment dans les vaideaux, faire enluite le mélange , 8C jetter le tout enfemble dans les badins. L’eau ainfi char­gée de terre ayant féjourné quelques jours fe décharge, 8c tandis que la terre fe dépofe au fond des badins , l’eau qui refte au-defiùs devient claire, s’évapore ou fe décharge dans les terres, ou mieux encore par des ca­naux D D même figure, pratiqués fur les bords des baf­­fins au-dedus de l’endroit où fe doit faire le dépôt; on ouvre ces canaux par le moyen d’une petite vanne E, l’eau s’écoule 8c la terre refte 8c fe feche alors plus prom­­tement.Devenue molle à-peu-près comme la boue,on l’enleve avec la palette ,7^. 87. ôc le bâton, fig. 88. 8c on la met dans des terrines à plat,7?^. 89. 8c autres vaideaux défectueux 8c de rebut, après y avoir répandu un peu de fable au fond pour l’empêcher de s’y atta­cher, on les arrange à mefure autour des badins, 8c lorfqu’il y en a une certaine quantité, on les laide ainfi fécher à l’air les beaux jours, ou dans l’attelier fur des planches, pofés dans des cafés ou rayons faits exprès, voye£ la vignette de la II. PI. 8c en hiver autour du tour ou d’un poêle, 8c cela pour en faire évaporer promte­­ment l’humidité. Ainfi fechée on la tranfporte ou on l’é­tend fur une furface plane 8c bien mince en b, fécondé vignette, pour la fouler aux piés à différentes reprifes, jufqu’à ce qu’elle foit bien liante ; on la met enfuite en malfe plate d’environ un pré cube qu’on met en pile en cc, pour s’en fervir au befoin, ou deux ou trois mois après, s’il eft podible, ce qui la rend encore infiniment meilleure. De la maniéré de fabriquer les ouvrages avant que de les mettre au four. Les ouvrages fe divifent en deux efpeces, les uns tournaffés 8c les autres moulés. Les premiers étant ronds fe font fur le tour ; les autres ovales, demi - ovales, barelongs, guillochés, échancrés, triangulaires,à pans, 8c de toutes fortes de formes, ainfi que les figures, vafes, 8c autres ornemens à l’ufage des poêles, 8c autres chofes femblables, ne pouvant être mis fur le tour, fe font dans des moules en plâtre faits exprès, 8c dans la forme convenable aux ouvrages. La première fe fait ainfi : la terre préparée, l’ouvrier la difpofe en mottes de grodeur proportionnée aux ou­vrages qu’il veut faire,qu’il manie 8c remanie plufieurs fois pour leur donner la confiftance propre à prendre A

Next