Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 2. kötet, 1763 (Suite du recueil de planches, sur des sciences, des arts libéraux et les arts de méchaniques, avec leur explication)
Premiere partie - Caracteres et alphabets de langues mortes & vivantes
ALPHABETS ANCIENS. PLANCHE IL Syriaque & Stranghelo. La langue fyriaque , appellée en divers tems , langue chaldéenne ou babyloniene , araméenc , ajjyriene, fut encore nommée hébraïque, non qu’on la confondît avec l’ancien hébreu , mais parce qu’elle étoit devenue la langue vulgaire des Juifs , depuis leur retour de la captivité de Babylone, & qu’elle l’étoit encore du tems de Jefus-Chrift. Ilparoît confiant qu’une partie des livres du nouveau Teftament ont été écrits en fyriaque. Les termes de boanerges, raca , mammouna , barjona, cephas , &c. répandus dans le nouveau Teftament, font fyriens; ce qui doit rendre l’étude de cette langue recommandable aux Chrétiens. Les dénominations des lettres de l’alphabet fyriaque 11e font prefque point différentes des hébraïques. Ces lettres fervent également de chiffres; Les lettresyoH^, koph, lomadh, rnim , noun, fem kath, ee, phe , /fode, avec un point deffus , valent 100 , 200, 300,400 , foo, 600,700,800,900. U olaf avec un trait femblable à notre accent grave , au-deffous , vaut 1000 ; le beth , avec un pareil trait, 2000; le même olaf, avec un trait horifontal mis deffous , vaut 10000 ; le youdh, avec un pareil trait deffous , vaut 100000 ; cette même barre mife fous un koph , vaut un million ; une efpece d’accent circonflexe mis fous Y olaf, exprime dix millions ; fous le beth, vingt millions, & ainfî des autres lettres de l’alphabet. Aujourd’hui on ne parle plus la langue fyriaque ; la langue vulgaire des Syriens & des Maronites eft l’arabe ; enforte que le fyrien, comme parmi nous le latin, eft la langue de l'Eglife & des livres faiflts. Lorfque les Syriens veulent écrire en arabe fans être entendus des Mahométans , ils fe fervent des caractères fyriens ; & comme les Arabes ont iîx lettres de plus que les Syriens , favoir les lettres thfe , cha, dhfal, dad, da & gain , ils y fuppléent en ajoutant un point aux lettres tav , koph, dolath , Jfodhe , tteth & ee. Le fyriaque eft auflî la langue lavante des Chrétiens de faint Thomas, dans les Indes. J’ai quelques-uns de leurs livres écrits dans un caracftere qui tient beaucoup du ftranghelo , entr’autres l’évangile de faint Thomas , dont on trouve une verfîon latine dans le recueil des faux évangiles de Fabricius , & qu’on a condamné à Rome, comme un livre apocryphe dont on n’avoit pû recouvrer l’original. Le fyriaque en eft auflî pur que celui du nouveau Teftament ; leur écriture eft fort belle & ronde , elle a cela de particulier que les lettres dolath, refeh & zain reffemblents favoir les deux premières au dal des Arabes , & le zain au vav. On remarquera que les Syriens appellent encore leurs points - voyelles des noms d'Abrohom, Efchaia , Odom & Ouriah, qui font autant de noms propres , dont la première lettre a le fon d’une de ces voyelles. Les Syriens Neftoriens étoient fort répandus dans la Tartarie vers le douzième fîecle ; ils y avoient établi leurs millions. L’an 162f , des maçons trouvèrent à la Chine, dans un petit village près de Sighanfou , capitale de la province de Chenil , une grande pierre de marbre, contenant une infcription en très-beaux caradteres chinois, qui prouve que les Syriens entrèrent à la Chine dès le fîxieme fîecle fous le régné de l’empereur Taitçom, & que depuis cette époque jufqu’en l’année 782, qui eft la date de l’éreétion de ce monument, la religion chrétienne y avoit fait de rapides progrès fous la protection des empereurs. Ce monument, qui eft peutêtre le plus beau qu’011 puiffe voir en ce genre, contient en marge, & en cara&ere ftranghelo, les fignatures d’environ foixante-fept prêtres fyriens, & celle d’un certain Adam , à qui l’on donne le titre de prêtre, chorévêque & papafi du Tfîtieftan , c’eftà-dire du royaume de la Chine , appelle Tfin par les Orientaux. Je ne fais où Duret a trouvé ce vers latin, E cœlo ad Jlomachum relegit Chaldœa lituras. qui prouveroit qu’autrefois les Syriens écrivoient de haut en bas, à la maniéré des Chinois & des Tartares Mouantcheoux. PLANCHES III. & IV. Arabe. Les Arabes écrivent de droite à gauche ; leur alphabet eft compofé de vingt-huit lettres, c’eft-àdire qu’ils ont fix lettres de plus que les Hébreux & les Syriens. Le lam-alif, qui forme la vingt-neuvieme lettre de cet alphabet, n’eft qu’une lettre double , compofée du lam & de Valif. Cet alphabet, tel qu’on le donne ici, a été mis dans cet ordre par les nouveaux grammairiens, qui, en cela, n’ont eu en vue que de réunir des lettres de même figure. En effet, plufîeurs de ces lettres ne font reconnoiffables que par les points diftin&ifs qui s’appofent deffus & deffous. L’ordre naturel de l’alphabet arabe ne doit point différer de celui des Hébreux, & la preuve en eft claire, en ce que la valeur numérale des lettres arabes correfpond à celle des Hébreux. Les fîx lettres que les Arabes ont ajoutées à cet ancien alphabet, font thfe , cha , dhzal, dad, da & ghain. Elles doivent être placées à la fin de cet alphabet dans le même ordre que je viens de les nommer , & elles valent , favoir , thfe, 500 ; cha , 600 ,• dhzal , 700 ; dad , 800 ; da , 900 ,• ghain, i ooo. Ces fîx lettres ne different que par leurs points, des lettres, te , ha , dal, fad, ta & a in. Si nous étions aujourd’hui bien au fait de l’ancienne prononciation de l’hébreu, fansdoute que nous pourrions expliquer la raifon qui a porté les Arabes à admettre ces fîx lettres d’augmentation ; car il y a lieu de préfumer que les Hébreux prononçoient le tav tantôt comme un /, & tantôt comme ths ; qu’ils afpiroient quelquefois la iîtion de ces points-voyelles & des autres remarques marginales. Mais il y a, je crois, un milieu à prendre entre deux fentimens li oppofés ; il ne s’agit que de réduire cette ponctuation hébraïque à la limplicité de la ponctuation arabe , & on verra que tout le refte n’a été imaginé que pour une plus grande exactitude, à caufe de la profonde vénération que l’on a eu pour le texte hébreu. Mafclef, chanoine d’Amiens, s’avifa en 1716, de publier une grammaire hébraïque , dans laquelle rejettant & l’antiquité des points, & l’autorité de la maffore, il prétendit qu’on devoit donner aux lettres hébraïques le fon qu’elles ont dans l’alphabet; ainfî par-tout où il fe trouveroit un beth, ghimel, daleth, il falloit prononcer be, ghi, du , &c. enforte que fuivant ce nouveau fyftème, au lieu de mofcheh, canaan, mauafcheh, felomoh , il faudra lire, mefchih , canouan , menoufchib, Jimaleh : fyftème aufïi ridicule que mal conçu , & qui ne tend pas moins qu’à renverfer toute la grammaire hébraïque. „ Quo nomine tantam ad- 3, jiaani temeritatem, non invenio , dit le lavant M. 3, Schultenz, hoc non ejl illudere tantum orbi erudito , J, fed etiam infuit are. Publicum , fuamque in eo famam, 53 parum curent neceffe ejl, qui talia fcribere audent. Ne 5, mentionem quidem feciffem tant a vanitatis-, nijimate„ ria coegiffet. En effet, l’ignorance grolfiere qui fait la bafe de tout ce fyftème , eft telle que je n’eulfe point rapporté moi-même ces paroles de M. Schultenz , Il je n’avois eu delfein de détourner plulieurs perfonnes, qui encore aujourd’hui à Paris, perdent leur tems à vouloir apprendre l’hébreu d’après ces principes.