Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 2. kötet, 1763 (Suite du recueil de planches, sur des sciences, des arts libéraux et les arts de méchaniques, avec leur explication)

Premiere partie - Cartier

CARTIER. Unj bon ouvrier peut lifter par jour des deux côtés vingt à vingt-cinq mains de cartons. Le carton eft plus ou moins luifant, félon le nom» bre de coups de lifté qu’il reçoit ; l’ordinaire eft de vingt-quatre coups de lifte fur chaque côté. Ceux qui ne donnent au carton que feize coups de lifte , doivent faire un tiers plus d’ouvrage. Mener aux cifeaux. Lorfqu’une boutée de cartons eft: liftée par-devant & par-derriere, on la réduit en cartes* Cette opération fe fait avec deux paires de cifeaux, l’une grande, & l’autre petite. q Les grands cifeaux ont environ vingt pouces de lon­gueur de tranchant ; les petits , onze pouces auift de tranchant. Ils font montés & attachés fur des tables qui font faites exprès , & où des vis & des écrous les arrêtent folidement, les placent à la diftance convenable de leurs eftos qui font fcellés à ces tables. Il y a deux ai­guilles piquées vis-à-vis le tranchant ; ces aiguilles fer­vent à diriger & guider le carton. Rogner & traverjér. On commence par rogner aux grands cifeaux le bout d’en-haut du carton , puis fon côté droit , enfuite on le divife en quatre coupeaux , c’eft-à-dire en autant de portions qu’il contient de car­tes de hauteur ; & cela s’appelle traverjér. Trancher. On corrompt le coupeau, c’eft-à-dire qu’on le rend concave fur fa longueur du côté de la peinture , pour le mener plus facilement aux petits cifeaux , ou le trancher. Un bon ouvrier peut dans quatre heures mener aux grands & petits cifeaux une boutée de quarante ftxains d’entieres. On peut régler là-deftus le tems qu’il em­ployé pour les boutées de piquets & de brelans. Des tables. Les cartes coupées font portées à la table où elles doivent être aftorties, triées , recoulées , jet— tées & enveloppées par jeux & par ftxains. Triage & recoulage. Ces opérations confident à en­lever avec une pointe d’acier les ordures qui fe trouvent fur le devant &le dos de la carte; féparer les blanches des brunes, & les défeélueufes des bonnes, &c. Par ce travail chaque forte fe trouve compofée de quatre efpeces différentes, i. des belles qu’on appelle la fleur, ce font les plus blanches & les plus nettes ; i. des brunes qui fe nomment fonds , la qualité du papier en eft inférieure à celle du papier des belles ; 3. les com­munes qui ont des défauts, & qu’on appelle maîtrejfes; 4. les caftees qu’on vend à la livre. Il y a ordinairement fur une boutée de quarante fi­xants , deux ftxains de fonds , deux ou trois ftxains de maîtreftes , deux ou trois ftxains de caftees &. le refte de fleur. D’où il s’enfuit que les déchets du maître cartier peu­vent être évalués à cinq ou fix pour cent. Affortiffage. L’affortiffage confifte à raffembler par forte les cartes menées aux cifeaux, c’eft-à-dire à réunir les rois de carreau enfemble, les dames de carreau en­femble , & ainfi des autres efpeces de cartes. Jetter. Les cartes aftorties font mifes en jeux ; c’eft: ce qui s’appelle jetter. La première carte placée deflfus la table pour former un jeu , s’appelle la couche. Envelopper. Lorfque les jeux font complets , on les enveloppe dans des papiers à l’enfeigne du fabriquant, cela s’appelle plier en jeux. On fait enfuite la couche ; c’eft-à-dire que l’on met la fleur des cartes de maniéré qu’en compofant les ftxains, il fe trouve à chaque bout du fixain un jeu de fleur. Un bon ouvrier peut par jour affortir , trier , recou­ler , jetter ou réduire & envelopper en jeux & en fixams une boutée de quarante ftxains d’entieres ; mais comme cette boutée eft plus forte pour le travail que celle des autres efpeces de jeux, il y a peu d’ouvriers qui puif­­fent en venir à bout. Par le détail précédent de la fabrication des cartes, fc du tems qu’un ouvrier employé à chaque opération, il eft facile d’eftimer l’ouvrage d’un maitre cartier , fé­lon le nombre des ouvriers qu’il occupe. D’ailleurs avec un peu d’attention à fuivre le travail, tr’elles un efpace non peint; ce défaut de la carte s’ap­pelle une fenêtre. Dernier féparage de cartons. Pour éviter que le côté du papier-cartier ne l'oit taché , lorfqu’on imprime les couleurs , on laiffe deux cartons enfemble , le papier­­cartier en-dedans, & les côtés du papier-pot en-dehors recevant la peinture. Quand on a peint, on fépare les cartons, en déchirant un peu un des angles, afin de pou­voir inférer entr’eux un couteau de bois. On exécute cette opération avec la main, li le carton ell bien fec. Un ouvrier peut l'éparer par jour, comme il a été dit ci-deffus, jufqu’à quatre cent cinquante mains de cartons. Chauffage & llffage. C’eft la lifte qui donne aux cartes le luifant qu’on leur voit ; le liffage fe fait comme on va lire. On fait chauffer les cartons dans des chauffoirs de différentes fortes, félon l’emplacement du maître Car­tier. Le carton fe chauffe d’abord par-devant, c’eft-à-dire du côté des couleurs, puis on le frotte avec un frottoir de lifiere ou de feutre. On a paffé delfus auparavant un morceau de favon bien fec ; il ne s’attache au carton qu’une portion très-légere de favon. Cette portion de favon fait couler la liffe, & l’empêche d’érafler le car­ton. Quand on a favonné le carton, on le lifîe du côté où il a reçu cette préparation. La liffe eft compofée de cinq parties effentieîles. D’une table un peu flexible , fur laquelle eft: pofé un marbre poli, un peuples grand que les cartons. Ce marbre eft appliqué fur la table, & il fert de fou­­tien à la feuille qu’on liffe avec un caillou. Le caillou s’aiguife fur un grais ; il eft emboîté dans un morceau de bois à deux manches , ou , comme di­­fent les ouvriers , à deux mancherons ou poignées. Cette boîte tient au bout d’une perche qui eft bridée par fon autre bout à une planche tenue au plancher verticalement au-cleffus du marbre. Cette planche fait reffort & détermine le degré de preflion convenable pour lifter & luftrer le carton. Après cette première opération, on en ufe de la mê­me maniéré pour le derrière ou le dos de la carte. Boutée. Les cartiers liftent leurs ouvrages par boutées. Une boutée eft ordinairement de quarante ftxains, &: employé plus ou moins de cartons, félon l’efpece de jeux. Le nombre des cartons ne varie jamais, par rap­port aux têtes & âux valets, parce que le nombre en eft toujours le même pour toutes fortes de jeux. On iubdivife les boutées par patrons. On entend par un patron une quantité de chacune des efpeces de car­tons qui fervent à former le jeu , Sc cette quantité eft plus ou moins forte , félon le nombre l’efpece de cartons à réduire en jeux. Il y a des patrons de têtes où les valets rouges font compris, des patrons de gros jeux, qui font les dix, les neuf & les huit. Des patrons de bas jeux , qui font les fix, les cinq , les quatre , les trois fk les deux. Des patrons de fept & d’as , parce qu’ds font peints enfemble fur le même carton. Une boutée de quarante ftxains d’entiers eft compo­fée de fix mains de têtes , une main de valets rouges, huit mains de gros jeux, deux mains de fept ôc d’as, Se dix mains de bas jeux. On peut eftimer là-deftus les boutées de quadrilles, piquets & brelans, dont il n’y a à retrancher que le gros ou le bas jeu. Il y a des maîtres cartiers qui ne compofent leurs bou­tées que de trente ou même vingt ftxains ; cela dépend de leur vente. Dans tous les cas il ne s’agit que de pro­portionner le nombre de feuilles que chaque patron contiendra , à la quantité de ftxains à fabriquer. L’ufage des cartiers eft d’avoir toujours plufieurs boutées de toute efpece liffées par-devant. Ils ne font lifter le derrière ou dos, qu’à mefure qu’ils réduifent en jeux, parce que l’air altéré le luifant de la lifte, & qu’on ne peut trop attentivement conferver l’égalité de blan­cheur au côté de la carte que le joueur regarde quand il mêle ou qu’il donne, 22. Cartier.

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