Symbolon, 2006 (7. évfolyam, 11. szám)

2006 / 11. szám

Année VII. no. 11. Done, les fondateurs de la littérature roumaine vont se manifester vers 1870 dans des circonstances qui les ont menés vers une fusion originale entre des courants artistiques initialement opposés â l’Occident. Ils n’étaient des classiques proprement dits que dans la mesure oü ils fondérent la littérature roumaine aux temps modernes. Leur génération comprenait en fait des romantiques ayant des influences classiques (le poete national Mihai Eminescu), des réalistes avec des influences romantiques - passéistes (le prosateur loan Slavici; le narrateur Ion Creanga), ou des néoclassiques avec des innovations natu­­ralistes (c’est le cas du dramaturge Ion Luca Caragiale)! Ces quatre rivaux et amis â la fois se sont affirmés par leur créations originales mais aussi dans l’atmosphére esthétique créée par le directeur d’opinion Titu Maiorescu au­­tour de Cénacle « Junimea » / « La Jeunesse » et de sa revue « Convorbiri literare » / « Entretiens littéraires ». II professait un esthétisme d’extraction hégélienne adapté aux conditions artistiques et culturelles roumaines. En accord avec Ie principe de l’artpour Vart, il soutenait aussi la gratuite de l’acte artistique, ce qui ne l’empéchait pás de con­­damner les formes sans contenu dans la vie sociale. II semblait un libéral, mais, en fait, il a actionné comme un conservateur modéré décidé de moderniser la Roumanie selon les standards européens du XlX-éme siécle. Dans sa vision, ce processus dévait se dérou­­ler par une assimilation systématique et en tenant compte des traditions nationales. Cette attitude entrait en conflit avec celle de ses contemporains libéraux qui étaient convain­­cus qu’il suffisait d’implanter formellement les institutions démocratiques afin d’obtenir une démocratie authentique. Ainsi, Titu Maiorescu, en chef de parti, ministre, Premier ministre et journaliste politique, voulait mettre en évidence les dysfonctionnes des insti­tutions modernes sous l’apparence desquelles florissait encore un féodalisme caméléo­­nesque. Comme homme de culture, il a réussi â s’approcher (re lati vem ent) des jeunes écrivains qui vont devenir les fondateurs de la littérature roumaine moderne. Il leur a insufflé un ton anti-citadin (les cas de Ion Creanga et de loan Slavici), une critique so­ciale basée sur la vitupération romantique (chez Mihai Eminescu) ou le réalisme cruel­­lement ironique méné par I.L.Caragiale qui, en pattant du niveau dramatique de Labiche et son correspondent roumain - V.Alecsandri, est arrivé â travers le naturalisme jus­­qu’au seuil du théátre de l’absurde... Ion Luca Caragiale est né le 30 janvier 1852 â Haimanale, prés de la viile de Ploiești, dans une familie d’origine macédo roumaine, familie qui, sur la ligne paternelle, était profondément impliquée dans l’émancipation du théátre roumain. Son pere Luca, acteur pendant sa jeunesse, et ses oncles, Costake et lorgu, directeurs de troupe théátrale, co­­médiens, dramaturges et pédagogues, ont contribué ä Porientation de la force créatrice de Ion Luca vers le monde du théátre. De suite, il va suivre les cours de déclamation et de mime comme étudiant de la classe de son onele Costake au conservatoire de Bucarest (1868 -1870). Ensuite il va se lancer dans le journalisme culturel et politique d’orientation conservatrice, mais en gagnant sa vie comme petit employé et mérne comme... patron de local (faits qui lui ont permis d’ailleurs d’observer magnifiquement les psychologies de ses futurs personnages). Ses multiples activités lui font connaítre tous les milieux so- 119

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