Transilvania, 2009 (Anul 115, nr. 1-12)

2009-01-01 / nr. 1

l’évasion du réel et sur le theme du couple. Quant aux écrits fantastiques, les plus importants sont le roman Noaptea de Sânziene, păru en frangais sous le titre Fórét interdite, et Ies nouvelles: Domnişoara Christina (axée sur le theme du vampire du folklore roumain), 19 trandafiri (écrite en exil et traîtant des implications philosophiques du spectacle), La ţigana (allégorie du grand passage de l’homme vers la mort). Les au trés nouvelles (Pe strada Mântuleasa, Ivan, Uniforme de general) reprennent en grandes lignes l’ensemble des problémes concernant Ies textes ci-dessus sur lesquels on travaillera pour découvrir les mécanismes qui engendrent le fantastique et les fonctions de cette catégorie esthétique. Les espaces du fantastique dans les nouvelles de Mircea Eliade ont paradoxalement plusieurs éléments véridiques que fantastiques. L’anormalité surgit dans le cadre dune normáiké apparente. La viile de Bucarest, par exemple, invahie par une canicule incendiaire ou un manoir décrit pendant la journée ne paraissent cacher aucun mystére. Pourtant, pour le lecteur initié, qui sait déchiffrer les signes, le froid que le professeur Gavrilescu ressent auprés des maisons des tziganes ou la décrépitude du manoir Moscu acquiert une nuance de mystére. Mais il y a une difference entre le faste oriental du premier espace labyrinthique et la rigidité presque gothique du second espace qu’on trouve non seulement dans le décor vétuste, mais aussi dans les ámes des locataires. Parfois, les espaces sont des scénes oú des événements primordiaux sont réconstitués, des événements qui se produissent et qui persistent pendant la nuit tant que le surnaturel maintient sa présence. A la lumiére du jour, l’énérgie du fantastique s’épuise, les maisons des tziaganes sont pergues comme des lieux immoraux, le manoir de madame Moscu ne sera plus hanté par les revenants, mais il redeviendra la mérne maison vétuste de l’autre jour. En plus, le manoir étant perţu â l’aube comme une porte d’entrée du maléfique dans le monde des mortels, il sera incendié et purifié. La fórét, un autre lieu mystérieux, est un espace privilégié oú les personnages espérent entrer â la fin du processus d’initiation, quand ils sont totalement assimilés au monde fantastique. C’est vers une fórét des enigmes que partent le professeur Gavrilescu et Hildegard, sa bien-aimée, et, toujours dans un espace semblable, le maître Pândele, le personnage principal de la nouvelle 19 trandafiri a, â cőté de sa bien-aimée, la révélation d’Euridyce. La fórét représente un espace de l’ambiguité. C’est un espace oú les couples veulent permanentiser leur bonheur et qui n’a plus les coordonnées du temps historique. Des personnages comme Eusebiu, Féléve du maître Pândele, sont les témoins de la sortie des initiés du monde profane et de leur intégration dans le monde fantastique représenté par la fórét, espace pour lequel ils ont nourri toute leur vie un sentiment de nostalgie. Lorsqu’il est impossible de trouver des lieux oú les énergies du fantastique peuvent se déployer, l’homme essaie de les imaginer tout seul. C’est le cas du personnage Etefan Viziru du roman Noaptea de Sânziene {Fórét interdite) qui a la capacité de créer sa propre Shambala qu’il appelera la chambre Sambő. Cet espace retiré du monde profane devient fantastique justement parce que Viziru, le seul qui peut y entrer, lui attribue une fonction sacrée. La chambre Sambő représente un moyen de recréer le paradis au milieu du monde profane, un rapprochement de Dieu, un reflexe de l’adulte qui veut remémorer l’enfance perdue, un lieu oú le temps profane a cessé couler, oú Viziru peut contempler le monde en toute tranquilité. Dés que Teodorescu, un personnage suspecté par la police d’etre le partisan des nazis y entre, la chambre Sambő devenue entre temps un alter ego de Etefan Viziru, se transforme dans un espace quelconque qui a perdu sa dimension sacrée. Pour accéder â ces espaces, les personnages ont besoin de certaines “artifices” ou “elés”. La canicule qui engendre l’amnésie, pergue comme un effet de l’appel insinuant de la destinée et le cocher pared au canotier Caron facilitent la sortie du protagoniste de la nouvelle La ţigănci de l’espace profane et son entrée au monde sacré. Egor rencontre mademoiselle Christina dans ses réves. Les trois réveries qu’il a, se transforment en cauchemars, car la magie de mademoiselle Christina envahit Egor avec sensualité et démonisme. L’accés du maître Pândele dans la fórét oubliée par tout le monde se fait â la suite d’un rituel d’éveil [metanoid) accompli graduellement par Niculina, par le biais duquel on parcourt inversement toutes les étapes de Involution humaine jusqu’á l’identification totale avec l’Archétype. Enfin, Ştefan Viziru peut sortir du temps profane seulement par l’intermédiaire de Pamour qui est la elé d’accés vers le monde du sacré. Le passage proprement dit d’un monde â l’autre suppose une mort symbolique, toujours remise, mais qui a un lieu et un róle bien précisés dans involution spirituelle de l’homme. Par conséquence, le passage vers le monde fantastique suppose une initiation qu’on peut suivre aussi au niveau des personnages. Les protagonistes des nouvelles désirent soit entrer dans le monde fantastique (Viziru, Pândele), soit en sortir (Egor, Gavrilescu). Eliade a le talent littéraire de garder la cohérence de ses personnages qui glissent du réel dans l’irréel. Ils essaient de deviner les signes, hésitent avant d’etre complétement assimilés au monde fantastique. Le lecteur désire toujours s’identifier â eux. Une autre catégorie de personnages groupe les “agents extrahumains”. Ce genre de personnages disposent du destin des autres et leurs reactions déroutantes démontrent le fait qu’ils ont un statut h t t p : / / w w \v . r e v i s t a t r a n s i 1 v a n i a . r o

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