ACTA LINGUISTICA TOM. 14 (A MTA NYELVTUDOMÁNYI KÖZLEMÉNYEI, 1964)

1964 / 1-2. sz. - BÁRCZI, G.: Les origines de la langue littéraire hongroise. Langue et orthographe au XVIe siecle

1* LES ORIGINES DE LA LANGUE LITTÉRAIRE HONGROISE 3 de la langue maternelle comme une de leurs tâches essentielles. Dans son oeuvre intitulée Grammatica Hvngarolatina — c'est-à-dire Grammaire Hongroise­latine (1539) —János Sylvester s'efforce de présenter à côté du latin certaines caractéristiques du système de la langue hongroise, etil constate par exemple, presque avec enthousiasme, que le hongrois aussi possède un article défini, tout comme le grec, ce qui lui assure un certain avantage même par rapport au latin. Un outre il crée, parallèlement aux termes grammaticaux spécifiques du latin, des mots hongrois correspondants, comme nëvirt való 'pronomen = pronom', nëv 'nomen — nom', benzíd 'verbum = verbe', fëlriszvivô 'participium = participe' etc., tâchant par là de créer pour ainsi dire les cadres d'une grammaire hon­groise et les hases d'une littérature grammaticale en langue hongroise. Sans connaître son prédécesseur (l'héxamètre hongrois du manuscrit connu sous le nom de Dignité des Apôtres) il démontre, par les beaux distiques hongrois de la dédicace de sa traduction du Nouveau Testament (1541), que la langue hongroise se prête à la versification classique, et que sur ce plan elle n'est concurrencée que par très peu de langues européennes. Tout ceci prouve d'une manière indiscutable avec quelle vigeur l'amour et le respect de la langue hongroise, la conscience de sa valeur s'étaient manifestés chez un humaniste de très haute culture. Quant à un autre humaniste, Gábor Pesti Miser, il va jusqu'à exposer dans la préface des Fables d'Esope (1536) que le culte de la langue maternelle, son enrichissement, est un devoir sacré envers la patrie. Ces déclarations humanistes, et d'autres du même genre, prouvent que les porteurs de la civilisation humaniste, les littérateurs hongrois, avaient à coeur la cause de la langue hongroise. Cependant, grâce au nombre croissant de personnes sachant lire et écrire, l'usage du hongrois écrit joue un rôle de plus en plus important dans la vie privée comme dans la vie officielle. Le nombre des lettres privées de langue hongroise croît rapidement, surtout à partir du milieu du XVIe siècle, et la langue hongroise se fait aussi valoir de plus en plus dans la vie officielle: régistres, relevés des comptes, inventaires, procès-verbaux, se font en langue hongroise ou en langue hongroise aussi (par exemple procès-verbaux des conseils municipaux à Debrecen, relevés des comptes à Nagyszombat etc. etc.) à partir de la seconde moitié du XVIe siècle, et le hongrois remplace souvent le latin dans les procès-verbaux des audiences de tribunaux et des auditions de témoins. Cette diffusion importante de l'usage de l'écriture hongroise, l'élévation en rang de la langue maternelle concentra naturellement l'attention des maîtres et des artisans de la langue sur l'idée d'une langue homogène, soumise à des règles comme le latin; et même si cette idée ne mûrit pas chez la plupart d'entre eux jusqu'à devenir au moins à moitié consciente, elle resta souvent le sentiment obscur mais stimulant d'un besoin. Dès les premières décennies qui suivirent la catastrophe de Mohács, l'aspiration à la formation d'un langage

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