Szalay László: Lettres sur la Hongrie (Budapest, 1849)

3 croient hommes d’état parcequ’ils ont les petites entrées du château, qui se croient énergiques, parcequ’ils sont féroces, qui se croient libéraux, parceque le prince de Metternich, ne voulant pas de leurs lumières, les a rude­ment coudoyés. Les Stadion, les Bach, les Thinfeld, — se partageront devant la postérité la gloire d’avoir en­fanté la constitution mort-née de l’empire autrichien un et indivisible. Tout le monde se disait en les voyant à l'œuvre: Pauvre Autriche, tombée de la main des étu­diants de l’aula entre les mains des écoliers de cabinet ! Si au mois de mai 1848 il y avait eu un homme d’état parmi tant de gens, qui entouraient à Innspruck l’empe­reur fugitif de la résidence de ses ancêtres, il se serait dit : Je ne vois que des ruines d’un bout de la monarchie à l’autre, rien n’est debout de tout ce qui nous a été légué par des siècles, seulement deux points isolés n’ont pas encore perdu leur assiette historique au milieu des flots de plus en plus grossissants de la tempête révolu­tionnaire; ces deux points, je les vois clairement : d’une part la dynastie, de l’autre les institutions politiques, l’unité de la couronne de Hongrie. Cet homme d’état, pour peu qu’il eût été serviteur fidèle de son maître, se serait dit ensuite: tâchons de fortifier l’un de ces points par l’autre, et puis de sauver par eux la monarchie tout entière. Je ne veux pas révoquer en doute, — pas même après l’abdication de Ferdinand Y, abdication subie par le mo­narque, — je ne veux pas, dis-je, révoquer en doute le dévouement que l’empereur, sacré par le malheur, a dû nécessairement inspirer à ceux qui s’approchaient libre­ment de lui; mais il n’y avait pas un homme d’état parmi eux, pas un, si nous en exceptons le digne prince Paul

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