Revue de Hongrie 22. (1918)

15 Juillet-15 Aout - I. Les Conditions d'Une Paix Durable et l'Avenir du Droit des Gens, par M. le baron Jules de Wlassics, Président de la Chambre des Magnats, ancien Ministre

2 REVUE DE HONGRIE Regardez les peuples. Ils se ressaisissent, bien que les chefs politiques et intellectuels de Tun ou de l’autre des États qui font la guerre contre nous, restent aveuglés par la haine et par l’orgueil, peut-être aussi par la folle témérité du désespoir. L’opinion publique est de plus en plus dominée par le désir de voir surgir un nouvel ordre des choses comme le fruit de la paix ardemment souhaitée, ordre de choses qu’elle se figure ayant pour fondement la puissance morale du droit, de la justice et de la loi internationale. Quelque affreux que soit le tableau de ce grand déchirement de l’humanité, aux yeux des serviteurs de l’idée du droit que nous sommes, quelques heureux symptômes commencent à se dessiner. Ce ne sont plus seulement quelques savants modestes, quelques rêveurs paci­fistes et quelques philanthropes idéologues, qui osent aujour­d’hui parler des conditions d’une paix durable. Des hommes d’Etat responsables, occupant les plus hauts sommets de la vie publique, font aujourd’hui leurs des idées longtemps dédai­gnées et repoussées avec un sourh'e de pitié par des hommes de gouvernement ou de partis qui tenaient la force maté­rielle des armes et les pratiques réalistes en politique pour la suprême sagesse. Les maîtres des trônes donnent l’-exemple au milieu du bruit des batailles ; l’auguste roi, porteur de la couronne de Saint Etienne, salue avec la force d’une ardente conviction l’idée maîtresse du message de paix du Saint-Père : « Que l’ordre futur du monde soit fondé sur la force morale du droit, sur la justice et sur la légalité internationales.» Dans sa réponse au Pape, notre roi exprime l’expoir que « l’humanité renaîtra moralement par le droit » et il se déclare prêt à donner les mains à des conférences internationales qui pourraient con­duire à « réaliser, avec des garanties suffisantes, la réduction graduelle et réciproque des armements sur terre, sur mer et dans les airs et qui assureraient à tous les peuples du globe Ja liberté des mers» et il ajoute qu’il «reconnaîtra la grande mportance des cours d’arbitrage obligatoire pour le maintien de la paix». De même, l’empereur allemand salue l’idée fondamentale du message pontifical en faveur de la paix, dans lequel Sa Sainteté exprime la conviction que, à l’avenir, « la force morale du droit devra remplacer la force matérielle des armes ». « Nous sommes également pénétré de la conviction, dit la réponse

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