Nouvelles Études Hongroises 14. (1979)

LA RÉPUBLIQUE HONGROISE DES CONSEILS 1919-1979 - Dezső Nemes: La Grande Révolution d'Octobre et la République Hongroise des Conseils

La République Hongroise des Conseils 1919-1979 La Grande Révolution Socialiste d’Octobre Hongroise des Conseils et la République La proclamation, au printemps de 1919, de la République Hongroise des Conseils fut l’une des manifestations proéminentes des répercussions internationales de la Grande Révolution Socialiste d’Octobre. La révo­lution socialiste de Hongrie, qui a fait naître dans la vallée du Danube le premier pouvoir prolétarien, est partie intégrante de la première période de la révolution mondiale socialiste amorcée par la Révolution d’octobre. De nombreux enseignements de haute importance peuvent être tirés de la manière dont la classe ouvrière hongroise, suivant l’exemple de ses frères de Russie, a conquis, puis réussi à conserver le pouvoir durant quatre mois et demi, à l’intérieur de l’étau militaire des Alliés. 1. L’évolution des forces révolutionnaires du prolétariat hongrois s’était effectuée dans des conditions extrêmement difficiles et se heurta, de même que dans les autres pays, à de nombreux obstacles. En 1914, les dirigeants du parti social-démocrate hongrois, emboîtant le pas aux leaders sociaux-démocrates autrichiens et allemands, se sont soumis à « leur propre » bourgeoisie, autrement dit aux impérialistes de la Monarchie Austro-hongroise, prenant sur eux de jouer, dans l’éclatement du conflit, le rôle honteux du belligérant qui ouvre les hostilités. La terreur militaire due à l’état de guerre, le déchaînement de la propagande chauvine avide de conquêtes, le revirement des dirigeants centristes et réformistes, suivis des principaux politiciens de gauche, se ralliant sous le mot d’ordre pseudo­patriotique de la défense nationale à une position favorable à la guerre de conquête, ainsi que l’écroulement honteux de la IIe Internationale, — tous ces facteurs conjugués ont pu paralyser, du moins provisoirement, le mou­vement socialiste et les forces de la classe ouvrière, comme celles d’autres milieux démocratiques et antimilitaristes. Les armées austro-hongroises subirent, durant les premiers mois de la guerre, de lourdes pertes, aussi bien sur le front russe que sur celui de Serbie. Le nombre des tués s’élevait à plusieurs centaines de milliers, celui des prisonniers en captivité russe étant encore supérieur. Une proportion fort étendue de la population ressentit très rapidement les souffrances engendrées par la guerre. Pendant cette même période, les armées alle­mandes obtenaient, sur les deux fronts, d’Est et d’Ouest, des succès impor­tants : toutefois, les projets de Blitzkrieg de Berlin, les espérances d’une victoire totale et foudroyante s’étaient effondrées. Il devenait évident que la guerre se prolongerait et que la victoire des Puissances Centrales était douteuse. La désillusion et l’indignation des masses populaires abusées par la propagande pseudo-patriotique allaient s’amplifiant. Dans les milieux bourgeois et propriétaires fonciers de Hongrie — tout

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