ACTA HISTORICA - A MTA TÖRTÉNETTUDOMÁNYI FOLYÓIRATA TOM. 6 (1959)

6. kötet / 1-2. sz. - ÉTUDES - M. ARANYOSI: Gyula Alpári

32 M. Aranyossi marxistes alors à sa disposition avec une avidité incroyable et une maturité d'esprit qui, à tout instant, semblait démentir sa jeunesse. Il n'était pas le seul étudiant à connaître alors les ouvres de Marx, mais il faisait partie de ceux, peu nombreux, qui savaient déjà tirer des enseignements pratiques de leurs lectures : diffuser les leçons du marxisme, ax ant tout parmi les ouvriers. Et comme il ne cachait pas ses opinions, il fut renvoyé de l'école de Bratislava.2 Au début du siècle, il vint s'établir à Budapest. Ses amis l'introduisirent tout de suite dans ces foyers où, à peu de frais, étaient nourris et logés les bacheliers qui gagnaient de quoi vivre en donnant des leçons particulières. Alpári ne pouvait compter sur aucune aide de la part de sa famille ; il végéta donc lui aussi dans ces foyers et gagna sa vie à donner des leçons aux enfants imbéciles de familles riches. Dans une de ses lettres à un de ses amis, le jeune socialiste disait au sujet de la situation : «Il paraît que la cantine me servira de maigres repas. Ma chambre n'est pas payée, et ne le sera que dans un mois. J'espère entre temps trouver des élèves, on me l'a promis. Comme tu vois c'est bien organisé ici. Je suis un homme dont on s'occupe, comme on dit. Un service créé par des capitalistes m'a pris en charge. C'est ce qu'on appelle de la dialectique historique. Le régime bourgeois d'aujourd'hui déjà engendre ses futures contradictions.» Mais comme Alpári prenait déjà une part active au mouvement ouvrier, il devint vite suspect aux organisations de «bienfaisance». Elles cessèrent de l'aider ; il perdit même ses leçons particulières. Il continua néanmoins d'enseigner — mais gratuitement. Il donna des cours au syndicat des couvreurs, paveurs, serruriers, etc. Il espérait qu'à Budapest, en écrivant des articles dans la presse socialiste, il pourrait gagner de quoi vivre jusqu'à la fin de ses études secondaires.3 A partir de 1903, Alpári travailla au journal du parti social-démocrate, le «Népszava» ; il participa à la rédaction de l'Almanach du «Népszava», de différentes publications sociales-démocrates et traduisit du français et de l'allemand . . .4 et cependant, il vécut dans une misère incroyable. S'il arrivait à vivre, c'était en premier lieu aux ouvriers qu'il le devait, qui parta­geaient avec lui leurs maigres repas et l'accueillaient dans leurs taudis. Mais ces difficultés matérielles ne le découragèrent ni de ses études, ni du socialisme. Il continua allègrement à étudier et c'est allègrement aussi qu'il prit part à toutes ces manifestations de masses qui, au début du siècle, 2 Souvenirs du Dr. Imre Bárd, recueillis par Magda Aranyossi (que nous désignerons par la suite par M. A.) 3 Souvenirs d'Imre Szabó, écrivain de Cluj, recueillis par M. A. 4 Bolchaïa Sovietskaïa Encyclopedia, Moscou, 1926. Tome II. p. 310. En 1903, Alpári traduisit en hongrois «Le Matérialisme économique» de Lafargue (Budapest, 1903. 71 pages).

Next