Berzeviczy Albert: La question de l'éducation physique (Budapest, 1894)

La question qui nous occupe est en effet d’un intérêt com­mun à nous tous ; il y va du sort de nos enfants, du sort des nouvelles générations, de l’avenir des nations. Nous voyons pourtant que le problème de l’éducation physique de la jeunesse, qui préoccupe les spécialistes les plus éminents de l’hygiène et de la pédagogie, attend encore sa solution et qu’il est sujet à des opinions divergeantes. C’est que dans la marche vers les cimes de la civilisation, nous sommes con­traints, pendant que nous atteignons telles grandes conquêtes du progrès, de nous éloigner de telles autres ; nous visons tou­jours tel grand but, de manière à perdre momentanément de vue tel autre but; telle question est mise en pleine lumière, ét alors telle autre reste dans l’ombre. Ce n’est point la passion des recherches et des discussions théoriques qui nous amène à discuter notre sujet; il a été mis au premier plan en raison d’une nécessité pratique, sous l'impulsion impérieuse des expériences faites ; aussi avons-nous lieu d’espérer, non, de prévoir avec certitude, que le sujet ne demeurera point dans le domaine des discussions aca­démiques et des essais plus ou moins réussis, que les délibé­rations aboutiront à une solution dont les principes seront réalisés et qu’elles se traduiront par une transformation posi­tive de notre système d’éducation. Ce n’est que dans les temps les plus récents que les* penseurs de toutes nations ont compris, qu’en raison des exigences de la vie moderne, notre système d’enseignement et d’éducation a marché dans une seule direction, celle du développement intellectuel, et que les efforts imposés dans ce sens entravent le développement des forces physiques. Des hommes de génie, tels que : Locke, Rousseau, Basedow, Pestalozzi, Fröbel, avaient bien compris l’importance de l’éducation physique, mais leurs observations, leurs exhortations n’ont pas pénétré dans la conscience publique. La pédagogie marchait dans les sentiers de la routine ; il lui tardait de voir la science inculquée ; elle ne voulait accorder aucune dispen­sation ; elle adoptait des tendances de plus en plus exigean­tes ; elle ne voyait pas que le développement physique était

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