Nouvelle Revue de Hongrie 69. (1943)

Septembre - La Hongrie et la confédération danubienne par Thomas Lengyel

142 NOUVELLE REVUE DE HONGRIE 1943 Dans cette alliance d’Etats, Szemere destinait un rôle important à Budapest, appelée, selon lui, à devenir le centre économique et poli­tique de la confédération. Selon son exposé, la Hongrie, de par sa situation centrale, aurait à jouer le rôle principal, ce qui ne lui don­nerait cependant pas le droit de s’immiscer dans les affaires intérieures des autres Etats. Ce ne fut pas seulement la question italienne mais aussi l’en­semble des questions Europe Centrale et celle du rétablissement de l’indépendance hongroise que souleva le projet de réalisation de l’unité italienne. La France, dont l’ambitieux empereur désirait régler le problème italien qui traînait depuis de longues années, s’in­téressa aussi aux Etats danubiens. Napoléon III et Cavour, le pré­sident du Conseil piémontais, voyaient dans le peuple hongrois un allié possible contre l’Autriche et de leur côté les politiciens hongrois émigrés à l’étranger cherchaient à nouer des relations avec les gouver­nements français et italiens, dont ils espéraient le rétablissement de l’indépendance hongroise. La question de la confédération danubienne reparut à nouveau au cours des pourparlers avec les gouvernements étrangers. Les hommes d’Etat hongrois et les chefs des gouvernements étrangers étaient unanimement de l’opinion que l’Autriche cesserait d’exister en tant que grande puissance européenne au cas où la Hon­grie recouvrerait son indépendance et que les petits peuples riverains du Danube gagneraient l’indépendance ou deviendraient le butin de quelque grande puissance. Les hommes d’Etat hongrois savaient fort bien que la Hongrie seule ne serait pas capable de jouer le rôle rempli par l’Autriche depuis des siècles, c’est pour cette raison qu’ils se tour­nèrent de nouveau vers le plan fédératif, cette alliance d’Etats étant seule capable de jouer le rôle de l’Autriche et d’arrêter la poussée russe vers les Balkans. Pour éviter que la diplomatie européenne ne nuise à leur projet en prétendant que le nouvel Etat serait trop faible et incapable de sauvegarder pendant longtemps son indépendance, les hommes d’Etat hongrois devaient gagner à leur plan, dès avant les hostilités, l’opinion publique des nations dirigeantes. C’est pour cette raison que Kossuth, dans des articles de presse et des conférences, démontrait l’opportunité de la nouvelle confédération danubienne et essayait de persuader les hommes d’Etat français et piémontais de sa nécessité. L’idée d’une alliance d’Etats réunissant la Hongrie, la Serbie et les principautés roumaines convenait à la conception de Napoléon III et de Cavour, qui voyaient dans cette alliance d’Etats une alliée orientale et durable. C’est pour cette raison que, dès le mois de mars 1859, les gouvernements français et piémontais envoyèrent, chargé d’une mission commune, un des principaux partisans du plan fédératif, le général Georges Klapka, dans les principautés danubiennes, pour qu’il y traite avec Cousa, prince de Moldavie et de Valachie, de la con­fédération et de l’alliance militaire roumano-hongroise. Le général Klapka partit en mars 1859 à Jassy, pour essayer de réaliser les plans de ceux qui

Next