Studia Slavica 32. (1986)

1-4. szám - Tartalomjegyzék

Miscellanea 323 la vie politique hongroise commence à se ranimer; le mouvement de réforme entre sa deuxième phase, et ne cesse de gagner en vigueur. Ceci allait de pair avec un intérêt toujours grandissant pour la question polonaise: citons ici, entre autres, les pièces à sujet polonais présentées par les théâtres hongrois, les poèmes sur la Pologne de József Eötvös et de János Erdélyi, » A hölgyek hölgye » (La dame des dames), poème de Gyula Sárosi (paru en janvier 1840), et plusieurs poèmes à sujet polonais de Mihály Vörösmarty, notamment » Az élő szobor « (La statue vivante) paru en janvier 1841. A l’heure actuelle, nous ne nommes pas à même de donner la mesure de l’influence que l’œuvre de Mickiewicz a exercée sur la pensée politique et la littérature hongroises. Il nous semble cependant que l’article intitule » La misère « de Gábor Kazinczy, publié bientôt après la parution des premiers fragments des » Livres des Pèlerins Polonais «, aussi bien que » Amour, amour de Dieu «31 de János Perger s’inspirent des écrits du poète polonais. A mon sens, » Livres des Pèlerins « et les ouvrages de Lamennais ont également marqué les innombrables articles qui faisaient écho aux événements de Galicie de 1846. Certes, il faudrait procéder à une analyse très nuancée et très fine pour pouvoir démêler les influences respectives de ces deux apôtres de la liberté.32 En 1848, année de la révolution et de la guerre d’indépendance hongroises, » Életképek « (Images de la vie), rédigées par Mór Jókai et Sándor Petőfi ont fait paraître une œuvre de longue haleine en quinze parties, écrite dans le style de la Bible et remplie de paraboles, d’exhortations et de prophéties, qui portait le titre de » Kelet könyvei « (Les livres de l’Orient). L’auteur était un jeune juriste et poète, Pál Bozzai (1829—1852), qui assistait régulièrement aux séances de la Diète de 1847—1848 et suivit les députés à Pest après le transfert du siège de la Diète. Selon le poète József Lévay, gardien du legs littéraire de Bozzai, l’ouvrage » Kelet Könyvei « fut conçu sous l’influence des idéaux de la guerre d’indé­pendance et des » Paroles d’un croyant « de Lamennais, œuvre à laquelle la jeunesse hongroise était particulièrement sensible à cette époque.33 Loin de prétendre exclure l’influence de Lamennais, nous voulons néanmoins faire remarquer ici que le rayonnement de Mickiewicz était encore très vivant dans la deuxième moitié des années trente et dans les années quarante parmi la jeunesse estudiantine slovaque et hongroise de Pozsony, Késmárk, Lőcse et Eperjes, où Bozzai avait fait ses études. Nous ne citerons ici que l’exemple de Sárosi, qui traduisit en 1835 Przypomnienie de Mickiewicz et, d’après son » Jour­nal «, projetait la traduction de Konrad Wallenrod et avait lu également Pan Tadeusz. A notre avis, le mot » livres » dans le titre du catéchisme de Bozzai témoigne aussi de l’influence de Mickiewicz. Certes, on peut y voir une rémi­niscence biblique, mais, en y regardant de plus près, l’inspiration mickiewiczien­­ne devient, du moins pour nous, de plus en plus manifeste. Le premier chapitre, qui est une récapitulation historique, correspondrait ainsi aux » Livres de la Nation Polonaise «. Bozzai est aussi préoccupé de l’avenir de son 31 Idem, fin d’hiver 1841, n° 19.29., et fin d’hiver, n° 28.34. 32 P Járni, op. cit. 33 Bozzai Pál Irodalmi hagyományai. Budapest 1886, 6 (Première édition: Élet­képek, 1848). 21* Studia Slut ica Hung. 32/1 4. 1080

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