Nagy Francia Enciklopédia - Táblagyűjtemény 4. kötet, 1765 (Suite du recueil de planches, sur des sciences, des arts libéraux et les arts de méchaniques, avec leur explication)

Epinglier

Contenant trois P l a n c h ê s , d o n t deux doubles. Description de la façon dont on fabrique les épingles à Laigle en Normandie. I L y a deux fortes d’épingles ; l’une qui eft faite avec du cuivre nommé laiton ou laton, 6c l’autre avec du fil-de-fer ; la première eft beaucoup plus utile 6c plus en ufage que la derniere, 6c c’eft de cette forte d’épin­gle dont on va parler. Le cuivre dont on fabrique ces épingles, fe tire de Suede ou d’Allemagne en gros fil, que l’on réduit à Laigle à la grofteur dont on a befoin pour chaque forte d’épingle , en le faifant paflër par différens trous de filiere , au moyen d’une machine que l’on nomme buchc à dègrojjir, 6c d’une autre nommée bobilki On ne parlera point ici de la façon dont ces opérations fe font, parce qu’il en a été fait une defeription parti­culière. On fuppofe donc le fil réduit à la grofteur conve­nable , 6c tel qu’il fort de deffus la bobille en paquets d’environ fix pouces de diametre. On commence par drefter ce fil de la façon fuivante. Le dreffeur prend un paquet de fil de laiton (PI. IL fig. 2.) qu’il pôle fur le tourniquet G , 6c dont il fait paffer le bout entre les clous , 6c de la façon figurée par le plan de l’engin , (fig. 17. n. 2. PL II.). Il tient ce bout avec des tenailles ordinaires , 6c le tire en cou­rant fur un efpace d’environ cinq toiles de longueur planchéié ; il quitte ce bout 6c revient à l'engin où il coupe le fil, après quoi il recommence la même opé­ration , 6c ce fucceffivement jufqu’à la fin de la botte de fil. Cette fonftion paroît bien fimple ; 6c fi cependant elle eft la plus difficile à pratiquer de toutes les au­tres : tout l’art confifte à placer fix clous fur une plan­che d’environ huit pouces de long fur fix de large , (fig. 17. n. 2. PL II.) que l’on nomme engin, de telle forte que l’efpace du vuide entre les trois premiers foit exactement de l’épaiffeur de chaque forte de fil que l’on drefte en ligne droite,6c que les autres clous puifi fent faire prendre au fil une certaine ligne courbe qui doit changer fuivant les différentes groffeurs 6c pre­mières courbures de ce fil, 6c dont la conftruélion feule donneroit bien de l’ouvrage aux théoriciens. L’intervalle de ces clous doit auffi être différent pour chaque grofteur de fil ; 6c la fig. 17. PL. II. repréfente la grandeur au naturel 6c la pofition de ces fix clous, telle qu’elle doit être pour drefter le fil propre à faire les épingles,n°. 10, dont l’efpace eft de deux pouces quatre lignes, celle pour les épingles du n°. 6. eft de quatre pouces ; 6c ainfi à proportion des autres grof­feurs en augmentant d’une ligne au-deflus du ny. 10, 6c en diminuant d’autant au-deffous. Les dreffeurs mêmes , ouvriers qui font journelle­ment dans l’ufage de pofer ces clous , manquent fou­­vent de le faire dans les proportions convenables , 6C pour lors le fil n’eft pas parfaitement droit , ou eft fi courbe qu’ils font obligés de recommencer l’opéra­tion ; mais comme ces différens ouvriers travaillent tous à leur tâche,le fabriquant n’y perd rien. Ÿ L’on voit qu’il faut un engin différent pour chaque forte de fil, à l’exception néanmoins que lorfque ce fil eft un peu mou , un même engin peut fervir à deux groffeurs peu différentes l’une de l’autre. L’ouvrier peut drefter dix toifes de longueur de fil par minute , gros ou menu , qui font fix cent toifes par heure ; 6c comme il parcourt le double de cet ef­pace pour revenir à l’engin,lorfqu’il a drefte un bout, il fuit que ce dreffeur parcourt douze cent toifes ou une demi-lieue par heure. Lorfqu’il y a une botte du poids d’environ vingt­­cinq livres de drefte , l'ouvrier en prend le bout du côté de l’engin, fur lequel il frappe, pour que les bouts N. 4. Epinglier. grands 6c petits , ne fe furpaffent pas les uns les autres ^ 6c il lie tout avec un bout de fil de laiton ; il at­tache enfuite à fa cuiffe gauche proche le genou la chauffe (fig. 21. n. 2. Pl. II. ). Il s’affied à terre, ayant la jambe droite ployée de façon que le bout du pié foit fous fa cuiffe gauche , ce qui donne une efpece de reffort à fon genouil 6c qui eft néceffaire pour couper ce fil avec la force (fig. 12. PL II.) dont il met le bout du bras le plus long (6c qui eft plat, ainfi qu’il fe Voit au profil joignant) fous fon jarret droit ; enfuite il coupe ce fil de la longueur de trois ou quatre épin­gles, que l’on nomme tronçons , en mettant la cueillée ou poignée de fil, liée ainfi qu’il eft dit ci-devant, fur la chauffe (fig. 21. n. 12. PL II. ), &c la ferrant avec la croffe de fer n entre les crampons r, 5, de telle forte qu’elle excede d’environ un pouce la longueur de trois ou quatre épingles auxquelles le fil eft deftiné. L’on met enfuite une boîte de fer (fig. 10. PL II. 6c n. 19. fig. 21. même PL) au bout de la cueillée dont la lon­gueur eft ici de quatre pouces neuf lignes pour la lon­gueur de trois épingles du np. 20, ou de quatre du n°. 12 , laquelle le dreffeur tient bien ferme de la main gauche ; 6c de la droite il coupe la cueillée à environ quatre lignes de cette boîtée , pour fuppléer à ce dont les épingles font raccourcies en leur faifant la pointe, 6c ce avec la force fufdite, en appuyant fur le bras le plus court. Il met cette partie coupée dans une febille , ÔC après avoir ôté la croffette n ,fig. 21. n. 2. il recule le lien de la cueillée, 6c l’avance fur la chauffe en re­commençant l’opération précédente jufqu’à fon bout. Et pour cette dreflée de cinq toifes de longueur dans la boîte ci-devant dite de quatre pouces neuf lignes, l’ouvrier a employé vingt-deux minutes de tems , 6c ainfi des autres , proportionnément à la raifon inverfe de leur longueur. Pour drefter le fil des différentes groffeurs 6c couper les tronçons, le dreffeur a un fol de la douzaine d’épin­gles , compofée de douze milliers , 6c il fournit le treizième millier pardeffus le marché, pour les défe­­dueufes. Un ouvrier peut en faire de la forte huit ou dix douzaines par jour, 6c gagner par conféquent huit ou dix fols. L’engin , le tourniquet, 6c la table qui les porte, peuvent valoir 6 liv. La chauffe coûte 4 liv. La force , que l’on nomme auffi cifieaux ou cifiail’les, coûte 3 liv. 10 f. Et chaque boîte à couper les tronçons coûte 10 f. Le dreffeur remet enfuite ces tronçons à l’empoin­­teur qui fait la pointe à chaque bout avec la meule représentée par la fig. 5. de la vignette , 6C la fig. 16. bas de la PL II. compofée d’une grande roue de cinq piés 6c demi de diametre , dont les jantes font recreu­­l'ées d’un pouce en auget pour tenir la corde , laquelle roue a fa manivelle de treize pouces de longueur, 6c eft portée fur deux poteaux de charpente , ainfi qu’il eft figuré par le deffein. A feize de diftance de milieu en milieu , eft une efpece de billot contenant dix-huit pouces en quarré par bas, quinze pouces par le haut, lequel eft recreufé , ainfi qu’il fe voit. Dans la fig. 16 eft repréfentée la meule deffinée plus en grand au­­deffous , laquelle eft de fer trempé, 6c a fix pouces de diametre fur un pouce huit lignes d’épaiffeur , avec un œil de deux pouces neuf lignes dans le milieu. La furface de cette meule eft taillée un peu obliquement. Dans l’œil l’on place une efpece de couronne de bois ou tampon quarré en dedans, pour y placer le fufeau d’acier de huit pouces dix lignes de long 6c fept li­gnes de gros en quarré , portant à deux pouces deux EPINGLIER, l A

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