Szalay László: Lettres sur la Hongrie (Budapest, 1849)

Monsieur le prince de Metternich , tout en monologi­­sant force choses spirituelles et libérales dans ses salons, pour l’entretien particulier de l’un ou de l’autre publiciste constitutionnel, venu des bords de la Seine ou de la Tha­­mise le voir, l’étudier, le juger, et comme de raison aisé­ment joué, aisément conquis par lui, — M. le prince de Metternich ne cessa jamais de travailler à l’accomplissement de la grande œuvre: d’intercepter tout courant d’air, qui» en venant de la Hongrie, aurait pu jeter quelques bouf­fées de vérité en face des gens, qui se seraient donné la peine de les respirer. L’Europe se prêta à croire toutes les absurdités débi­tées sur le compte de la Hongrie, parceque personne n’est venu contredire aux colomniateurs, délier la vic­time, et jeter les faux délateurs sur le banc des accusés devant le grand jury européen. Il fallait une année de luttes inouies, il fallait des exploits, des preuves d’héroisme dignes d’être mis en comparaison de ceux dont nous parlent les pages immor­telles de l’histoire du pays où je trace ces lignes, pour que l’Europe ait des entrailles pour cette noble Hongrie, de l’horreur pour les procédés du cabinet d’Ollmütz ou de Vienne, — nommez-le comme bon vous semble. Et cette Hongrie — elle a été si digne des sympathies de chaque ami de l’ordre, de chaque homme doué d'une intelligence gouvernementale quelconque, dès le premier moment de sa résurrection ! — mais ceux qui ont eu le dé dans les affaires internationales de l'Europe se sont montré pitoyablement ignorants, — grâce au système de calomnie dont j’ai parlé tout-à-l’heure. La diplomatie européenne aime a se reposer sur le discernement des membres du cabinet autrichien, qui se

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