Nouvelle Revue de Hongrie 69. (1943)

Septembre - La Hongrie et la confédération danubienne par Thomas Lengyel

Sept. LENGYEL : LA HONGRIE ET LA CONFÉDÉRATION DANUBIENNE 139 d’indépendance. Les Roumains de leur côté espéraient que cette guerre de Crimée, changeant les rapports des Etats balkaniques, les aiderait à réaliser l’indépendance de leur patrie. Les Serbes étaient dans l’at­tente de l’écrasement complet de l’empire musulman et pensaient pouvoir, dans ce cas, libérer intégralement leur pays de l’hégémonie ottomane. Pas une seule des nations belligérantes et pas un seul des pays danubiens ne vit, au cours de la guerre, la sortie de l’impasse mais l’idée de la confédération passa de nouveau au premier plan et sa réalisation ne sembla plus impossible. Les chefs roumains, Jon Bra­­tianu et Alexandre Golesco avaient conféré en Suisse avec Georges Klapka et avec le comte Ladislas Teleki de l’alliance hungaro-roumaine et ils continuèrent plus tard ces pourparlers à Constantinople, nou­velle sphère d’action de Klapka. Ce dernier aurait voulu persuader les chefs roumains de conclure une convention selon les plans anté­rieurs, mais il échoua, car les Roumains avaient conféré avec d’autres peuples au cours de la guerre et avaient renoncé pour l’instant à la confédération. Ils cherchaient à s’entendre avec l’Autriche ou avec la Pologne en réorganisation pour se procurer, avec l’aide de ces pays, d’une façon ou d’une autre, la Transylvanie. A Constantinople, le général Klapka conféra aussi avec les membres de la délégation serbe de cette ville, ceux-ci firent preuve alors de plus de sympathie envers la confédération qu’en 1849, et promirent au général de soutenir la nouvelle guerre d’indépendance. A partir de l’été de 1854 cependant, le général Klapka et les autres Hongrois reconnurent clairement que la guerre ne s’étendrait pas aux régions danubiennes et que la Hongrie n’avait pas l’espoir de recommencer sa guerre d’indépendance. Malgré ce fait, le général, bien que déçu, devint, après son retour en Suisse, le principal promoteur des plans confédératifs et il prépara un projet détaillé pour la création de l’al­liance des Etats. Bien que voyant que les puissances occidentales et la Turquie ne songeaient pas à attaquer l’Autriche, il leur recomman­dait cependant d’étendre la guerre, d’en faire celle de toutes les nations opprimées, car, sinon, la campagne n’aurait aucun sens et on ne pourrait que difficilement remporter la victoire sur les Russes. Il ne croyait pas à la possibilité de vaincre la Russie en partant de Crimée, il proposait — en homme d’état et en stratège — d’essayer, si l’on voulait remporter la victoire, une offensive partant de la Hongrie et de la Pologne. Cela placerait évidemment les puissances occidentales en face de l’Autriche et, si cela se réalisait, la Hongrie, la Pologne, toutes les petites nations opprimées prendraient part à la guerre contre les deux grandes puissances autocrates: la Russie et l’Autriche. Klapka aurait voulu libérer tous les peuples opprimés d’Europe et il présenta un programme détaillé dans son livre qui parut en trois langues et traite du règlement de la question danubienne. Ce pro­gramme renfermait le plan de la Confédération danubienne et exposait1 en détails les rapports des différents Etats et le système fédéral.

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