Nouvelle Revue de Hongrie 69. (1943)

Septembre - La Hongrie et la confédération danubienne par Thomas Lengyel

140 NOUVELLE REVUE DE HONGRIE 1943 Selon la conception de Klapka, l’Europe Orientale et Centrale ne seraient assurées contre une offensive russe que par le rétablissement de la Pologne et l’alliance, en confédération, de tous les pays danubiens. Cette confédération réunirait tous les pays de population non-alle­mande situés entre les Carpathes, la mer Adriatique et la mer Noire, par conséquent la Hongrie, la Transylvanie, la Croatie, la Slavonie, la Dalmatie, le Monténégro, la Bosnie, l’Herzégovine, la Serbie, la Moldavie, la Valachie, la Bessarabie et la Bukovine. Cette fédération ne pourrait pas être un Etat centralisé, mais elle se diviserait en trois tiers respectant les traditions historiques, la situation géographique et la répartition des nationalités, dirigés respectivement par des Hon­grois, les Serbes et les Roumains. Les Etats signataires seraient com­plètement indépendants en ce qui concernerait leur organisation intérieure, un gouvernement fédéral ne s’occuperait que des intérêts communs : les affaires étrangères, la guerre, les problèmes commerciaux. Cette fédération d’Etats, selon Klapka, pourrait être un royaume ou une République, cela dépendrait des rapports européens à la fin de la guerre. « Cet ensemble des pays danubiens alliés — écrivait le général à la fin de son exposé — qui serait encadré au Nord par les Carpathes et le Dniester, par la chaîne des Balkans et par le Danube au sud, par la mer Noire à l’Est et par la mer Adriatique à l’Ouest, qui serait traversé par le Danube et qui compterait 24 millions d’habitants serait une beaucoup plus forte garantie contre l’invasion russe que l’Autriche qui est incapable de se défendre contre sa voisine du Nord dont elle facilite même, par sa conduite, les plans.» La majorité des émigrés hongrois partageait la conception de Klapka dans la question de la confédération danubienne et pensait que, bien que le soulèvement des peuples opprimés danubiens et balka­niques ne se soit pas effectué au cours de la guerre de Crimée, un nou­veau conflit européen ferait de nouveau passer au premier plan la question de la confédération et c’est avec cette solution que Kossuth et Klapka désiraient organiser la vie des peuples danubiens. La guerre de Crimée et l’alliance avec les puissances occidentales n’avaient pas confirmé les espoirs que les représentants des nations opprimées y rattachaient. Au nom du parti républicain d’Europe, Kossuth, Ledru-Rollin et Mazzini firent paraître, avant même la con­vocation de la conférence de Paris, un manifeste commun dans lequel ils attiraient l’attention de l’opinion publique des peuples libres sur les sacrifices qu’ils avaient faits dans l’intérêt de la guerre et sur les piètres résultats qu’ils avaient obtenus. Dans la Proclamation intitulée « Aux Républicains », Kossuth et ses compagnons exposaient que l’em­pereur Napoléon avait empêché le soulèvement des nations aspirant à la liberté, mais que ces nations opprimées regagneraient bientôt leur indépendance à l’aide d’une révolution; que les principes de la liberté et du sentiment national devaient, dans toute l’Europe, rem­porter la victoire et que ce soulèvement national général créerait, à

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