Nouvelle Revue de Hongrie 69. (1943)

Septembre - La Hongrie et la confédération danubienne par Thomas Lengyel

Sept. LENGYEL : LA HONGRIE ET LA CONFÉDÉRATION DANUBIENNE 141 l’exemple de la Suisse, la fédération orientale libre de la Hongrie, de la Serbie, de la Bosnie, des principautés danubiennes et de la Bulgarie. Indépendamment l’un de l’autre, Kossuth et Klapka continuèrent à divulguer l’idée de confédération par des articles de presse, par des conférences, et par des pourparlers avec les hommes d’Etat étran­gers, et, en 1859, ils commencèrent de sérieuses discussions au sujet des clauses de l’alliance. A l’époque à laquelle le général Klapka faisait paraître son livre, un autre émigré hongrois notoire, Bartholomé Szemere, s’occupait également de la question de la Confédération danubienne. Ce politi­cien avait été, en 1849, après la proclamation d’avril de l’Indépen­dance, le président du Conseil du gouvernement formé à cette date et il avait participé à l’élaboration de la loi des minorités. Il considérait, déjà au cours de la guerre d’indépendance, le problème des nationa­lités comme le plus important des problèmes hongrois, il continua à travailler, pendant son exil, à la réconciliation des minorités et à garan­tir dans le nouvel Etat la vie mutuelle paisible de tous les peuples habitant la Hongrie. Szemere n’était pas en bons rapports avec Kossuth au cours de l’émigration, il attaqua violemment à plusieurs reprises, dans les journaux parisiens, le plan constitutionnel de 1851, désireux qu’il était de faire aux minorités des concessions plus larges. A l’époque de la guerre de Crimée, Szemere écrivit un impor­tant travail dans l’intérêt de la Confédération danubienne, mais seuls, certains passages, en furent publiés. Ses plans se dessinèrent claire­ment cependant dans ses articles de presse et dans son œuvre intitulée << la Question Hongroise» qui parut en i860. Selon Szemere, la Hongrie et les provinces slaves de la Monarchie ne pourraient plus jamais reconnaître la souveraineté des Habsbourg, la Monarchie autrichienne ayant une fois pour toutes joué son rôle. L’ancien pré­sident du Conseil opinait pour la réalisation de la Confédération danu­bienne comme l’unique solution de tous les problèmes danubiens. Selon son opinion, la guerre de Crimée ou n’importe quel autre con­flit européen ferait naître une conflagration qui entraînerait la disparition des vieilles nations d’Europe, l’abolition des Monarchies qui feraient place au régime républicain. Le nouveau régime éta­tique européen s’érigerait sur une base géographique et nationale, les anciennes frontières historiques seraient abolies et c’est en considé­ration des données géographiques et de la position prise par les natio­nalités que l’on déciderait des nouvelles. Dans l’imagination de Szemere la situation de l’Europe Centrale se modifierait par une alliance d’Etats réunissant ceux qui sont situés entre la Forêt Noire et la mer Noire, alliance dont la Hongrie formerait le noyau. Chaque Etat, dans le cadre de cette alliance, aurait sa place nationale et garderait son in­dépendance. Les affaires intérieures seraient dirigées indépendam­ment; seuls, les affaires étrangères, la guerre, le commerce extérieur seraient soumis à une administration commune.

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